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The same old story | Emily Choi
Ewen Rhodes
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Humain
Ewen Rhodes
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Mar 22 Jan - 22:19
The same old story | Emily Choi O2br

Dreams all made solid
@Emily Choi


L'astre d'or salue son amante d'argent d'une révérence éclatante. Il ne peut qu'attendre qu'elle se meure à son tour pour l'enlacer à nouveau, tenter de la réchauffer pour la voir à nouveau s'évanouir sous ses rayons. C'est à la fois triste et beau, à en déchirer le ciel. Un pas de plus vers la tombe et bien des maux à enfermer dans la boite de Pandore, c'est tout ce qui naît de leurs unions, des enfants bâtards et ingrats qui chaque jour lacèrent le ventre qui les a portés. Le jour se meurt. Encore et en chœur, les étoiles brillent comme mille et unes larmes versée sur un cercueil.
Entre chien et loup le ciel se pare d'un voile mortuaire, la palette de ce tableau offert au monde se noircit des envies de la nuit. Les couleurs devraient éclater, dessiner un Turner haut en couleurs, nihiliste fatalité parée d'un masque de clown gai. Ton regard n'a jamais su voir autre chose que des vanités, encore plus sous ce ciel jaunit, brillant des éclats artificiels de l'inhumaine évolution. Les visages s'enchaînent et les corps se bousculent aux prises avec le courant trop violent de la ville, leurs cœurs battant au rythme d'une montre bien réglée, simples engrenages incapables de s'extraire de cette machine trop bien huilée. Seule une bombe pourrait la dérégler. Un sourire amusé vient ourler tes lèvres à cette idée.

Tu te laisses porter, ton regard rivé sur les bâtiments dépareillés alternant maisons pittoresques et grandes tours blanches. La ville de Ranunga avait une je ne sais quoi de fascinant, un choc entre des cultures aussi dépareillées que cette architecture bâtarde. Il y a dans ce spectacle un soucis dantesque du détail. C'est un chaos organisé qui s'offre à ton regard, deux mondes qui se rencontrent pour mieux se repousser, comme chaque soir les deux visage de la ville s'unissent dans une violente étreinte. Les mères arpentent les routes principales en évitant précautionneusement les ruelles tandis que les pupilles des travailleurs s'y perdent. Il y a quelque chose d'indécent à cette heure, c'est un peu comme un vestiaire à ciel ouvert où l'on observe des inconnus se changer. Un moment d'intimité collective à la fois grisant et effrayant. Le plaisir de n'être personne dans cette orgie d'identités, d'existences qui se croisent sans jamais se rencontrer. C'est moins vif qu'à Ora, mais tout aussi envoûtant. Tu te délectes à chaque fois de cette heure mystique.

Tu perds pied, t'enfonces et t'égares dans la foule où nul ne compte pour les autres, où tu trouves à chaque fois ta place car il n'y en a justement aucune, pour personne. Les pensées se perdent dans la cacophonie environnante, on s'entend sans s'écouter. Ces moments n'ont aucun intérêt, c'est justement toute leur utilité. Sinon on ne saurait noter les instants réellement importants, leur offrir l'intérêt qui leur est du et les chérir convenablement. L'être humain a besoin d'être guidé. Comme les murs d'un labyrinthe mènent un rat jusqu'à sa sortie, sans quoi il ne ferait que tourner en rond jusqu'à s'en lasser. La société guide l'homme vers un objectif illusoire lui permettant ainsi de se développer. La liberté mène à l'inertie et au flétrissement de l'esprit. Il n'y a point de liberté sans règles. Un paradoxe dont on nous abreuve et qu'on avale. On s'en gave jusqu'à la moelle, à s'en exploser les neurones. C'est un choix qu'on embrasse pour ne pas s'isoler. Mais si on était tous isolés, serions-nous vraiment seuls? Ne sommes nous pas déjà seuls? La réponse fait si peur qu'elle paralyse l'humanité. Ce monde est monstrueusement bien fait. Tu as toujours trouvé le quotidien aliénant, éloignant l'être de sa nature pour le mouler selon la volonté des dirigeants.

Tu restes planté là, ni à contre-courant, ni en suivant la migration des saumons. Juste planté comme un piquet, tel un majeur levé bien haut aux flux dominant le monde. Les odeurs caractéristiques de la violette et du poil humide de canidé viennent caresser tes narines se mêlant aux particules déjà présentes de goudron et de méthane. C'est une curieuse association qui retient ton attention quelques instants. T'analyses les mouvements de la foule fasciné par un monde que tu es le seul à voir. Toi, l’insaisissable, Chess. Tes synapses s'entremêlent, se perdent dans une gymnastique absurde en esquivant les insultes lancées par les passants visiblement agacés de devoir dévier de leur trajectoire. Tu finis par te résoudre à abandonner ton rituel de contemplation humaine pour te remettre en route vers ta destination, observant cette ville étrangère qui t'a vu naître.

Tu pousses la porte d'une échoppe et t'y engouffres, comme toujours, juste avant la fermeture. Probablement la même librairie où ton paternel t'a acheté ton premier livre, envoyé des années trop tard à la demande de Lisje. The Good ol' Book...  Un nom à l'ancienne, une pointe de mysticisme qui se dégage sous les étagères croulant sous le poids des chevaliers affrontant vents et marées, des idéologies qui s'opposent sur des synapses de papier, les thèses en suspens, les courants en attente d'un regard avide qui viendra relancer leur horloge. Tu t'arrêtes un instant sur le palier, humant l'odeur du papier jauni et des nouvelles impressions qui se mélangent, celle de l'encre fraîche et de la poussière agglutinée sur des esprits trop brillants. Tu te contentes d'un simple signe de la tête avant de t'engouffrer dans les allées, les bibliothèques se dressant en épitaphes à leurs occupants. C'est la valse des rêves jamais réalisés qui se glisse sur ton corps, la gigue fantasmagorique des auteurs qui t'observent du haut de leurs étagères, des esprits qui errent sur les flots sombres de marres littéraires. Mais tous ces récits ne sont rien sans lecteur, rien de plus que des pavés couverts de poussières que tu soulèves doucement et qui dansent dans les rais de lumière, lucioles de jour, mystiques déités qui enterrent les connaissances et alourdissent leur support.

Tu t'empares d'un "Mon Faust" de même que d'un "Vagabond des étoiles" et d'autres écrits plus actuels. Tu as toujours préféré les plumes d'un autre temps, mais parfois tes contemporains parviennent à t'arracher une étincelle d'idée. Des étagères à tes bras dégringole un arc-en-ciel de poussières d'idées. Brun, noir, jaune, et même parfois rouge, le savoir cascade du bois usé à tes bras désormais trop chargés. Tu marques un arrêt près du rayon des titres populaires, les toisant avec mépris. Un poison lyrique qui gangrène corps et esprit pour n'en laisser que des zombies, qui avancent, dévorent et contaminent, le déclin d'une nation pendue à même la plume, les mots qui résonnent à l'âme comme une lame qui déchire les neurones... Comme la plus douce des drogues. Tendres fantasmagories d'un monde meilleur, envoûtantes sirènes menant au naufrage. La litote servante en masque du diable, l'anaphore courtisane qui marque la cadence de ses sombres démences, l'antiphrase marquise qui contemple et qui se fout des autres, les antithèses princières qui s'entrechoquent et le zeugma impérial qui domine ce tortueux chemin. A la cours des maux, seul l'illogisme est roi.

Un ricanement t'échappe à la simple pensée que peu de ces ouvrages contiennent des figures de style élaborées ou volontaires. Mais après tout, le livre est écrit pour un public et se doit de lui correspondre. Ils ne sont que le reflet d'une société occupée par trop de maux pour se divertir à jouer avec les mots. A ton grand dam. Tu poses une dizaine de bouquins sur le comptoir, comme à ton habitude, un spectre aussi varié qu'incohérent de lectures, une vaste fenêtre sur passé, présent et futur.

 
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