Ton souffle est rapide, ton être est agité et tes yeux ne savent plus où se poser. Il y a beaucoup de monde ici, pas que ça te dérange d'habitude. Mais ton petit monde vient de s'écrouler. T'as pas tout bien compris mais y avait le nom d'Arkady, LE Arkady. Celui dont tu es tombée amoureuse il y a peu. Et tu as entendu parler de meurtre ??? Alors tu ne sais plus quoi penser. Après tout tu ne le connaissais que de loin, tu n'as jamais osée l'approcher. Alors, si c'était vrai ?

Tu finis par prendre ton courage à deux mains -autant dire pas beaucoup- et tu avances lorsque c'est ton tour. Lentement, comme si tu allais droit vers la mort. C'est dramatique, cette situation a de quoi t'affoler non ?!

Et puis tu entres doucement, on referme la porte derrière toi et tu restes plantée là comme une cruche. Tu lèves enfin les yeux vers lui après un instant, et tu ne peux t'empêcher de laisser sortir ta peur.


Ok alors c'était un cri ça. C'était pas vraiment ce que tu voulais faire alors le rouge te monte aux joues et tu te tiens bien droite, prête à prendre tes jambes à ton cou. C'était peut-être pas une bonne idée du coup.

Ok, il a crié et il a pas l'air très content de ce que tu viens de dire. Tu as encore mal compris quelque chose c'est sûr et certain. Du coup tu hésites entre partir en courant et ne plus jamais lui adresser la parole ou t'excuser encore et encore. Bah, t'es arrivée jusqu'ici et tu lui as adressé tes premiers mots -certes, pas les bons. Tu ne vas quand même pas faire demi tour alors que tu es devant lui.


T'as l'air bien bête maintenant et tu sais plus quoi dire, à bégayer comme une gamine.


Et tu paniques parce que tu te rends compte que ta phrase n'a aucun sens. Tu triture tes mains, l'une dans l'autre en les regardant. Bravo Cléo, non mais vraiment. T'es devant ton crush et tu sais plus parler ? Calme toi, t'as pas besoin de hausser la voix au fil de ta phrase, t'as pas besoin de parler vite, comme quand on te demande de répondre à une question devant toute la promo.


Ouais. T'as rien trouvé à dire quoi.

Il t'indique la chaise et tu t'assois sans le quitter du regard. C'est juste incroyable, il est là devant toi et il te parle. Bon d'accord t'as l'air incroyablement bête à le regarder ainsi, mais c'est plus fort que toi. Tu ne l'écoutes plus pendant quelques secondes avant de reprendre le contrôle sur tes émotions -et tes hormones hein on va pas se le cacher- et de secouer la tête.


Tu repousses ta chaise en te levant, les mains posées sur la table, le buste en avant, vers lui. T'as été prise dans ton élan et t'as encore crié. Du coup tu baisses la tête et tu viens te rassoir en murmurant un pardon.


Le regard perdu vers tes pieds, tu n'oses plus le regarder. Ca a du bien les franges parfois, tes yeux couleur ipomée fanée sont bien cachés derrière. Par contres tes joues redevenues rouges sont bien visibles, elles. A moins qu'elles n'aient pas repris leur couleur normale depuis que tu es là.

Tu as relevé la tête petit à petit pour le regarder. Faut bien que tu en profites hein, c'est la première fois que tu le vois d'aussi près. Et vous n'êtes que tout les deux en plus ! Mais tu n'arrives pas à être aussi enjouée que d'habitude, les circonstances ne le permettent pas. Quoi qu'il dise, Arkady est tout de même ici ... N'importe quoi ! Il vient de te dire qu'il n'a rien fait, que ce n'est pas lui.

Et puis il te pose LA question à laquelle tu n'avais pas pensé. C'est vrai que ça fait bizarre, quelqu'un qui déboule et qui semble te connaître alors que tu ne l'a certainement jamais croisée ... Du coup t'en perds tes moyens, un peu plus.


Tu respires difficilement et tu regardes un peu partout du moment que tes yeux ne croisent pas les siens.


T'as dû bégayer une centaine de fois au moins. Oh mon dieu c'est la lose.

Tu viens de nouveau te cacher derrière ta frange alors qu'il te fait ce drôle de compliment. Et comme c'est Arkady qui parle, tu le prends incroyablement bien. Alors que tu sais que ce n'est qu'un prénom et que c'est tout simple. Et pourtant ça te rend heureuse. Des papillons un peu partout, des éclats rose ici et là et on se croirait dans un véritable film à l'eau de rose. Pourtant t'es pas de ces filles là hein ? Franchement, t'es pire qu'un cliché Cléo. Et tu t'en rends compte, tu sais pas c'est quoi le pire.

Tu relèves enfin la tête pour regarder ses beaux yeux un instant. Et sans t'en rendre compte tu lui rends son sourire. Un grand sourire qui soulignent tes joues rouges. Mais c'est plus fort que toi, t'es pas capable de réfléchir quand il est là. Surtout que c'est la première fois ! Oui d'accord tu n'as pas besoin de le répéter mille fois, on a bien compris. Et puis tu paniques de nouveau.


Tu sauves personnes Cléo et surtout pas ton égo.


Tu t'arrêtes en plein milieu de ta phrase, la bouche grande ouverte avant de la fermer. T'allais répéter un truc que tu avais déjà dit. Bien joué championne.


Tu sors une bouteille de ton sac avant d'apercevoir des restes de nourriture sur la table. Il a déjà tout ce qu'il faut, bah oui. Il faut vraiment que tu apprennes à observer et réfléchir avant de parler hein. Là t'as encore plus l'air d'une quiche.

C'est beaucoup trop pour ton petit cœur. Il est incroyablement vulnérable devant tes yeux et si mignon avec ce sourire. Et en même temps, t'es triste pour lui. Parce que ça doit pas être facile de vivre les interrogatoires à la chaîne alors qu'on s'efforce de prouver son innocence. Est-ce que ceux qui sont déjà venus ici ont cru à l'innocence d'Arkady au moins ? Ca doit être encore plus dur pour lui, si même toi tu te poses la question ...


Tu fais glisser la bouteille vers lui avec un sourire plus doux. Tu es plus apaisée à présent. Faut dire que tu commences à t'habituer à sa proximité. Même si tu n'es pas franchement prête pour être encore plus proche avec lui. Lui parler c'était déjà un grand pas en avant. Surtout qu'il vient de te dire que tu l'as sauvé ! ... Attends il vient vraiment de le dire ? Alors tu as pu lui être utile finalement ?


Et comme prévu tes rouges se teintent de nouveau de rouge. Tu te redresses en vitesse, les yeux rivés entre la sortie et le visage d'Arkady. Tu viens de sortir une énormité, tu viens de te trahir. Alors sans attendre de réponse, tu trouves une excuse pour te diriger vers la porte en bredouillant.

T'es partie comme une furie Cléo.