Née de parents travaillant le bois, je me suis tout de suite habitué au travail manuel. J’ai vécu à Nagaram, une ville magnifique traduisant bien notre harmonie avec le monde que nous a offert Navara. Une enfance réellement paisible, m’instruisant auprès des anciens et m’amusant avec mes camarades et voisins. En vérité, bien que je fusse une jeune enfant loin des problèmes d’adultes, je savais ce qu’étaient mes parents : des membres du groupuscule visant à éradiquer les humains. Ils ne me l’ont jamais caché, ils m’ont tout expliqué dès que j’étais apte de parler correctement.

Alors que je passais mes journées dehors à jouer, courir et me dépenser, mes parents eux, quand ils n’avaient pas de commande, préparaient des plans anti-humains. Ils n’acceptaient pas que ces êtres venus d’ailleurs restent ici. Soit ils repartent, soit ils meurent.

C’est à mon dix-septième anniversaire que mon gardien, Noema, le plus petit et le plus enfoui de tous, m’appela. Je me devais de le retrouver. Ainsi commença mon huritao. Je fis mes affaires le plus rapidement possible et me mis en route dès que possible. Hâte de rencontrer cet être puissant auquel je suis liée.
Direction les grottes Noema, sous l’imposante montagne d’Oketopa. Ces galeries ont la légendaire réputation d’être un véritable labyrinthe, mais j’avais confiance en mon instinct.
Au final, ce dernier était assez pourri. Je me suis perdu un nombre incalculable de fois avant d’enfin trouver celui que je cherchais. En fait, c’est lui qui me trouva… J’étais assise comme une abrutie par terre, mangeant un petit bout au beau milieu d’un tunnel quand j’entendis mon nom dans ma tête. Levant les yeux, j’aperçus un petit être recouvert de pics de couleurs.

Nous eûmes une petite discussion assez brève avant que le moment tant mystique commença. Je fus entourée de la plus belle lumière que j’ai vue de ma vie. C’était magnifique, j’étais bien, je me sentais en symbiose avec Navara. Et puis ce fut le retour à l’obscurité.

Les mots de Noema retentirent dans ma tête : « Désormais, fait donc attention à ta respiration ». Comme le disaient les gens, c’était un gardien inventif et novateur, et oui, je suis complétement d’accord. Il m’avait octroyé le pouvoir de ne plus exister. Je peux donc, en retenant ma respiration, être là sans l’être vraiment.

C’est sur le chemin du retour que je m’imaginai toutes les opportunités qui s’offraient à moi maintenant. Avec ce pouvoir, je pouvais aider le groupuscule contre les « nombriliens ». C’est alors que dès le lendemain, j’entraînais ma respiration, tous les jours, pour être toujours plus performante. De temps à autre, j’accompagnais mes parents aux réunions du groupuscule, ne tardant pas à me faire tatouer leur symbole. J’en étais.
Bien plus tard, j’ai participé à l’attentat dans la ville de Ranunga. C’était un message puissant.

"Nous ne sommes pas là pour rigoler. Humains, vous n’êtes pas à votre place ici. Partez, ou mourrez. "

Désormais, je continue à œuvrer pour le groupuscule, aux côtés de mes parents, tous unis, tous natifs, tous ensemble contre une même menace. Les humains.