Mes oreilles sifflent encore de ce qu’elles ont perçu, lorsque j’attrape cet inconnu par le col avec assez de force pour abimer le tissu. Mes cuissardes sont encore percluses de boue, mes cheveux attachés en une queue haute, et le tissu -qui couvre mes parties intimes- reste tâché par la nature. Pour autant, j’en oublie l’idée d’aller me payer un bain chaud et un bon verre d’alcool. Je module ma force pour secouer comme un haricot ce type qui ose parler en mal de mon frère. Alors, sa langue vicié d’humain m’informe qu’il est retenu car suspecter du meurtre de la plus haute autorité du culte Natif. Ni une, ni deux, je le jette dans des poubelles et court vers la prison supposée.
Arrivé sur place, je hurle pour qu’on m’autorise à voir mon frère. Avec mon arc et mes flèches dans le dos, je reçois une fin de non recevoir. Un regard vers le ciel m’informe que la nuit approche. Bien, c’est idiot, mais le plan est là. Ce soir, je libère tua’ana ! Après un passage aux bains, je cherche un point de vue en hauteur pour observer la prison. Je grignote un peu de viande séché, et quand j’ai enfin compris les rondes : je quitte mon perchoir.
J’entends les gens qui sont agités. Pour autant, je me faufile par une fenêtre ouverte. Je suis déjà venu, car j’avais eu l’alcool mauvais une fois et j’avais mal dosé ma force. Je sais où sont les cellules. Donc, d’une démarche souple et silencieuse comme quand je chasse, je fais mon chemin. D’habitude, la nuit, y’a moins de monde. Serait-ce à cause de ce meurtre que c’est la folie ? Pour autant, sont-ils idiot d’accuser des natifs ! Navara les aurait déjà punis…
Je suis proche. Mince ! Un garde ! Je n’ai pas le temps de l’assommer qu’il sonne l’alerte. Mais je veux sauver Mana ! Finalement, me voilà obliger de me rendre. Boudeur, je leur dit que je voulais voir mon frère mais qu’ils sont méchants et m’en ont empêché, alors je suis venu moi-même. Un petit mensonge ne fera pas de mal. Huare ne dira rien car je mens à des humains ! Pour autant, me voilà emmener en cellule. Jusqu'à demain qu'ils disent, pour me calmer ! Je cache difficilement mon sourire victorieux lorsqu’on me met dans la même cellule que Mana. Et alors qu’ils sont partit, je me retourne vers mon frère de cœur et dit, tout sourire :
« Je suis venu te libérer, tua’ana ! »
Fier comme un paon, les mains sur les hanches, j’ajoute :
« Car tu es innocent, je dois te libérer. Bon, j’avais prévu qu’on trinque… mais je devais arriver là sans me faire prendre au départ… Hum… Tu crois qu’ils vont boire ma bouteille ? »
J’ai un peu de tristesse dans le regard en posant cette question. J’y tiens, c’est la bouteille que j’ai acheté exprès pour nous deux !
ft. Mana.
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Jeu 24 Jan - 17:23
Feat Ariihere Ele'i
Je vais te sortir de là, Tua'ana!
L'agitation qui régnait dans son esprit occulta l'agitation extérieure, et Mana ne releva la tête, assis sur sa couchette, que lorsque la porte de sa cellule s'ouvrit. Il n'avait même pas senti les gardes s'approcher, ni ... Ariihere ..? Mana se releva d'un bond, s'arrachant un grognement : il avait oublié sa jambe, où la douleur pulsait toujours. Il resta un moment bouche bée, écoutant son petit frère, son ami d'enfance, lui expliquer la raison de sa présence ici. Le chasseur prit un instant pour réfléchir, puis fronça les sourcils : il tendit le bras et colla derrière la tête de son benjamin une petite claque gentillette.
▬ " Ari, Ari Ari Ari ! Qu'est-ce que tu fous là ? Tu te mets dans de beaux draps ! " soupira-t-il. " Tu n'as aucune chance de me faire sortir d'ici ... En plus, je suis blessé, regarde. " ajouta-t-il en pointant du doigt la tâche sombre sur sa cuisse.
Il se rassit doucement sur sa couchette, invitant celui qu'il considérait comme son petit frère à en faire de même.
▬ " Ton intention est louable, mais ce serait pire, si je disparaissais d'ici ... Là, ils seraient certains de ma culpabilité. Et, c'est pas le but. Pas vrai ? " lui lança-t-il, taquin.
Il était certain que Ari le savait innocent, mais Mana savait aussi que la famille était importante pour le jeune homme, et qu'il était en quelque sorte sa dernière famille, aussi ne s'étonnait-il pas vraiment de le voir débarquer là avec un plan abracadabrant. Toujours est-il qu'il était mécontent que Ari prenne de tels risques. Et si lui aussi, était accusé ? Il ne voulait pas lui faire subir cette épreuve là.
Mon sourire se stoppa net, quand j’entendis son grognement. Et avant de pouvoir en demander la cause, la taloche qui frappa l’arrière de mon crâne me fit geindre.
« Mais je voulais t’aider moiii. »
Mon regard se fit plus humide, et à la mention comme quoi il était blessé : mes sens se mirent en alerte. Mon corps se tendit, et je fus de suite sur mes gardes. Le regard affûté, j’observais les environs tout en devenant suspicieux :
« C’est eux qui t’ont blessé ? Ils ne s’en sortiront pas indemne ! »
Enfin, son calme me perturba. Et finalement, c’est la tête baissé et les épaules voutées que je vins à m’asseoir par terre, prés de sa couchette. Je préfère le contact avec la pierre fraiche, qu’avec le tissu. L’un me rappelle plus l’extérieur que l’autre.
« T’as mal ? » murmurais-je, quand même inquiet comme le prouvait mes coups d’œil sur sa plaie.
Ses mots étaient pertinents, mais je ne pus empêcher mon visage de se faire boudeur à leur écoute.
« Pourtant, il suffirait que j’écarte les barreaux de la cellule pour qu’on s’échappe : non ? Et puis, pourquoi t’accuser ? Tu es innocent. Aucun natif ne peut être coupable, sinon il aurait déjà perdu son pouvoir ! C’est idiot tout ça… Les humains sont tous des crétins ! »
Même ceux qui font des trucs bon à manger ! Soudain, un sourire passa sur mes lèvres et je tournai la tête vers Mana.
« Et si je cassais le mur ? Comme ça, on file directement à la forêt et on demande à ton gardien de leur prouver que t’es innocent. S’il dit que tu n’as rien fait de mal, et qu’il te laisse ton pouvoir, ils n’auront rien à redire : non ? »
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