Entourée de ses deux parents, Eeva vécut une enfance tranquille, heureuse. La petite famille vivait dans une petite habitation au bord du lac dans la ville de Tuhura. Fidèles aux traditions de leur peuple, les parents de la jeune fille lui apprirent très tôt à vivre en harmonie avec la nature qui les entourait, et à vénérer Navara et les gardiens de leur belle planète. Guérisseuses de mère en fille, la mère d’Eeva, Manoa, lui enseigna les bases de son art et les ficelles de l’herboristerie. Eeva aimait tant passer ses journées au milieu des différentes plantes médicinales, elle s’éloignait souvent de la ville pour récolter toujours plus d’herbes et une fois rentrée au village, elle s’affairait à préparer ses différentes décoctions, cataplasmes, etc.
Une vie tranquille donc, jusqu’à ce terrible jour de l’an 315 ou elle perdit son père dans l’attentat terroriste qui a touché Ranunga. Elle avait alors 15 ans, et sa famille s’effondrait. Sa mère Manoa fut très touchée par le décès de son amour, et demeura inconsolable pendant les semaines qui suivirent, elle ne quittait même plus le lit. Eeva s’occupait d’elle en permanence, elle eu peur de voir la seule famille qui lui restait se laisser mourir de chagrin.
Mais un beau jour, un changement s’opéra en elle. Elle se sentait irrésistiblement attirée vers un lieu en particulier, la rivière Hepetema. Alors elle sut. Son Huritao commençait ici. C’était donc ça, l’Appel, et elle devait vite entamer son Pélerinage. Elle prit le temps de se préparer, et surtout confier à un proche de sa famille la garde de sa mère pendant son absence. Elle rechignait à la laisser, mais elle reviendrait vite.
Le matin suivant, aux premières lueurs du jour, elle entama son Pèlerinage.  Elle traversa des heures durant la plaine Mei, en longeant le pied des montagnes Oketopa, et du se faire violence pour ne pas s’arrêter à chaque fois que l’envie lui prenait de cueillir une plante, d’étudier une herbe. Heureusement, l’Appel était puissant et lui permettait de ne pas s’écarter de sa route.
En fin d’après midi, Eeva arriva exténuée à l’endroit ou la rivière terminait son parcours montagneux pour s’aventurer dans la plaine, ou elle irait irriguer la végétation locale.
« C’est là qu’est ma place, là que se termine mon pèlerinage » se dit-elle.
Alors elle s’assit dans l’herbe, admirant un instant l’eau limpide et savourant la fraîcheur d’un souffle de vent timide contre sa peau.
Elle resta là, sans bouger, à rêver, à remercier Navara pour la faune et la flore qui l’entouraient au quotidien. Sans même qu’elle ne s’en rende compte, la nuit tomba. Puis tout s’éclaira. Un halo blanchâtre se propagea autour de la jeune fille, et c’est alors qu’elle le vit. Hepetema, devant elle, plus petit qu’elle ne l’avait imaginé mais très vif, il lui semblait presque jovial. Il ne se parlèrent pas durant tout l’Huritao, mais se fut tout comme. Eeva eut l’impression de connaître ce petit être devant elle, et fut touchée par son attitude pétillante, elle avait l’impression d’être face à un enfant qui s’émerveillait du monde à chaque instant. Enfin, la lumière baissa en intensité, jusqu’à disparaître complètement.  Eeva était devenue une adulte, à 15 ans à peine. C’était une sensation étrange, elle se sentait à la fois différente, mais toujours la même. Alors, sans rien dire, Hepetema approcha sa tête de celle de la petite blonde et appuya son front sur le sien. Quelque chose se produit, un courant passa et dans ce courant, une image, une émotion.
« puisse ce don te servir à inspirer la joie et non la peur » lui murmura Hepetema dans un souffle d’esprit.
Et alors, il disparut, c’était fini, Eeva pouvait rentrer, son pouvoir et son statut d’adulte acquis.
De retour à Tuhura, elle se hâta de rallier le chevet de sa mère et dans un fol élan d’espoir, elle apposa son front contre le sien. Elle se concentra très fort sur une image douce, une image heureuse, une prairie, le soleil, la joie dans son plus simple état. c’est cette image qu’elle voulait transmettre à sa mère, c’est cette vision de la vie qu’elle voulait lui donner, qu’elle reprenne enfin goût au monde qui les entourait.
En voyant le sourire qui éclaira le visage de sa mère, elle sut qu’elle avait réussi. La vie allait pouvoir reprendre son cours.