Arkady semble vraiment au bout de sa vie. Et ça pouvait se comprendre, vu la tronche qu'il se tirait. Tu te demandes bien d'ailleurs pourquoi il était blessé ET pourtant en train d'explorer des épaves.
Tu passes une main sur ton front, pour te calmer et remettre tes cheveux en arrière au passage. Il a raison, tu devais te calmer un peu et agir avec maturité.

— « Pourquoi t'étais blessé, c'était un match qui s'est mal passé ? Et surtout pourquoi tu étais pas rentré pour te reposer du coup ? »

Tu ouvres ton sac et lui balance une bouteille d'eau avec un sandwich. Le même fast food ou tu allais tous le temps après le boulot. Sauf que là t'avais carrément mis la pression au chef pour qu'il ouvre avant l'heure.

— « Il y aura pas de guerre. On va la jouer fine. Enfin... déjà ils m'ont laissé venir rapidement. C'est un bon début. Je crois. Je pars pas sans toi même si je dois dormir devant. »

Tu fronces les sourcils, un brin irrité par son manque cruel de chance que tu associais injustement à un manque de bon sens. Naturellement, il fallait qu'il aille se balader la gueule en sang quelques heures après un meurtre qui mettait à rude épreuve la paix entre natifs et humains.

— « Je vois... je ne doute pas de ton revers de droit. Juste de ta logique et de ta conscience pour le coup Arka. »

Tu soupires un bon coup, réfléchissant à toute vitesse à des arguments implacables. Tu n'étais pas diplomate et roi de la négoce pour rien.

— « Oui bah si t'es là pour toujours, tu vas pas aller me promettre une belle exploration au clair de lune hein ?? Ok, concentre toi. Tu as des témoins qui peuvent affirmer de ta victoire au match ? Je peux aller retrouver celui à qui t'as refait le portrait. »

Tu regardes ses mains, et tu perds toute expression sur ton visage. Tu sais, ce qui te rendait humain. Tu te fermes comme tu le fais toujours quand tu refuses de souffrir. Il était lâche de fuir les émotions mais en matière de relations sociales, tu étais loin d'être courageux et tu le savais.

— « Je le sais Arka. Crois-moi, ils témoigneront. »

Tes iris s'assombrirent, semblables à des onyx. La détresse de ton ami avait l'effet d'un poison contaminant chacun de tes muscles, qui se contractaient nerveusement. Tu te lèves alors, poussant la chaise violemment en arrière et commence à faire les cents pas devant lui.

— « C'est un endroit pour les coupables. Et nous sommes loin d'être innocents... »

Arkady semblait vouloir te rassurer, ce qui te donnait la fâcheuse impression d'un sacrifice. Tu le connaissais bien Arka, et ça avait du coup l'effet inverse. Ca t'inquiétait plus que ça ne t'apaisait. Pensait-il avoir une chance ou était-ce pour soulager sa conscience?
Tu finis par tirer la chaise, et t'asseoir frénétiquement.
Tu avais voulu parler mais rien n'était sorti, tu te mis donc à réfléchir en secouant ta tignasse de tes deux mains.

— « Ma place au conseil... Je te rappelle pourquoi j'y suis en premier lieu. Je pense pas risquer grand chose enfin...»

Tu détournes le regard un instant et penche la tête vers lui pour lui murmurer.

— « J'ai besoin que tu sois honnête. Vraiment. Est-ce que tu penses avoir une chance de sortir ?»

Il n'y avait aucune probabilité pour qu'Arkady soit déclaré coupable aux yeux de la loi. Mais si ce n'était pas lui, Iota avait aussi une chance d'y passer. Et cette idée te terrifiait au fond de toi. Sans que tu ne puisses réellement l'exprimer à l'extérieur. Et l'égoïste que tu étais souhaitais que l'un des autres soit coupable, afin d'éviter la condamnation à tes deux amis.

— « Tais toi Arka. Les risques je les prends si je v- »

Tu n'as pas le temps de finir ta phrase qu'on ouvre la porte, t'intimant de sortir et de laisser le prisonnier seul, avant une prochaine visite. Tu te penches au dessus de ton ami alors qu'on saisit déjà tes bras pour te tirer en arrière.

— « Ne baisse pas les bras et ne dis rien pouvant te discréditer ! Arka, je reviendrais ne t'inquiète pas ! »

Et alors que la porte se claque, on entend encore un cri désespéré.

— « Je reviendrais ! » Puis comme un murmure depuis la cellule, un léger. « Non mais c'est bon lâchez moi, je suis très calme. Vous avez pas entendu mon pote ? Les humains ont besoin de moi donc bas les pattes. »

Si Arkady restait le même, fidèle à lui même, toi non plus tu n'avais pas beaucoup changé depuis votre jeunesse Cassidy.