Adoptée et élevée par ta tante, tu grandis dans un foyer aimant et chaleureux, aux côtés de tes nombreux cousins et nombreuses cousines. On te donna ta propre place, ta propre importance. Et, par chance, tu t’entendais plutôt bien avec les autres. Tu n’avais pas à te plaindre.

Tu vivais bien. Parfois, tu arrivais même à convaincre ta tante de te laisser venir lors de ses cueillettes journalières. Dans tes petits bras, tu portais un panier adapté à ta taille. Et, tu sautais pour attraper les fruits qui n’était jamais à ta hauteur.

Te promener dans la forêt était agréable et satisfaisant, autant que travailler et aider à la tâche. Tu étais déjà très active. Tu bougeais partout, à la fois. Ta tante te laissait faire, espérant que tu finisses par t’épuiser, t’écrouler au sol. Ca arrivait parfois.

Le reste du temps, tu te baladais un peu partout, avec d’autres enfants. Tu jouais et te sociabilisais. C’est pendant cette période que tu rencontras Heiata, appartenant au même clan que toi et qui allait devenir ton amie pour le restant de tes jours ou des siens. Elle n’avait pas le choix, tu l’avais prévenu.

Une enfance  heureuse, en somme. Jusqu’à la rencontre avec ton gardien. Certes, tu étais adolescente mais ce merveilleux cadeau offert par Navara marqua la fin de ton insouciance enfance.

A tes dix-sept ans, ton pèlerinage dans les terres glacées de Thema commença. Un voyage long, désagréable, pénible.. Tant de mots pourrait le décrire. Aucun arriverait à la hauteur de l’épreuve que tu avais enduré.

Pieds nus, vêtue d’une longue robe sans forme et d’un épais manteau par dessus, tu traversas les terres pour rencontrer cet animal dont les rumeurs exaltaient son charme, sa sympathie et sa bienveillance.

Face à lui, au milieu des étendues glacées, les pieds rougis par la marche, marqués par le froid, tremblante sur tes frêles jambes d’enfant, face à un immense gardien, grognant son mécontement, tu ne pus que rester immobile et attendre la fin.

Son pouvoir? Tu t’en fichais, tu voulais juste fuir, loin de là, loin de lui, au chaud, dans un confort qui te manquait. Or, tu t’obligeas à rester immobile, tentant de comprendre ses mots, de découvrir ton pouvoir, le plus rapidement possible.

Et, celui-ci vint. Enfin. Et, tu courras, remerciant à peine le gardien. Tu courras pour rejoindre ton foyer, le chaud, le confort. Tu oublias tes pieds, tes douleurs. Tu voulais juste partir au loin sans te retourner, sans plus jamais croiser la route de ton gardien.

L’épuisement survint bien avant que tu arrives à destination. Tu t’écroulas par terre. Et, te réveillas le lendemain à ton domicile. Par chance. Plusieurs jours supplémentaires te furent nécessaire pour récupérer un peu, après cette épreuve.

Mais, une fois remise, tu décidas de travailler, de commencer une nouvelle vie à Ranunga. Tu pris ton envol. Tu montas ton propre commerce de champignons. Tu commenças à vivre par tes propres moyens et à te servir de ce pouvoir pour lequel tu avais tant donné afin de survivre. Tu désirais plus être un simple fardeau.