Pourquoi j’étais ici ? C’est ce que je m’étais dit quelques peu dans le froid sur le bateau. Mais heureusement, j’avais pris cette veste assez légère mais tellement bien chaude que je ne sentais que le vent jouer avec les mèches folles de ma coupe. Mes yeux n’avaient pas lâché la tour de tout le trajet, si ce n’est pour jeter des regards aux gens qui m’entouraient.

Caleb, je crois que c’était à lui que j’avais pensé en premier pour faire la visite de ce lieu insolite, ex-militaire, assez curieux de la vie si je ne m’abusais et puis dernièrement, lui et moi passions pas mal de temps que cela m’avait semblé une évidence de lui proposer. Et puis ça changeait de mon appartement pour les après-midis cinéma… Je l’avais scruté en silence avec un sourire. J’étais contente qu’il ait accepté, peut-être plus inquiétude que par réelle envie mais au moins il était là. Je pense qu’il se doutait que ça me faisait plaisir de passer un peu de temps avec lui.

Azel, mon meilleur ami, plus grand que moi et probablement tout aussi impatient que moi de voir ce qu’allait receler cette mystérieuse tour après tout, nous étions là pour ça, partir à l’aventure. Ce genre d’aventures que lui et moi, nous avions toujours rêvés comme lorsque nous étions enfants et que j’étais enfermée entre quatre murs. Il était là à rêver de ce que nous pourrions rêver dehors. Et enfin nous avions l’opportunité de le découvrir.

Puis il y avait Ura, probablement ma seule amie à l’heure actuelle, ma seule amie native également, j’appréciais sa façon d’être de ne pas me voir comme la fille qui va se briser à chaque instant et puis… Je ne sais pas cela me changeait d’être avec quelqu’un d’autre qu’Azel dans le fond. Il y avait quelque chose de beaucoup plus naturel parfois avec une fille même si le jeune homme m’avait vue dans des situations pas possibles.

Il y avait également une autre personne avec notre groupe insolite, entre l’ex-militaire, le jeune bricoleur et l’acrobate, il y avait cette femme imposante. Rousse comme moi, aux formes généreuses et au charisme puissant, celle qui représentait mon peuple sur cette planète : Mades. Ou simplement Madame ou Madame Disae. Je ne savais pas trop réellement comment l’appeler donc j’avais envisagé de faire le chemin plutôt en silence en évitant de faire des bourdes atomiques comme je savais le faire et que probablement Azel ainsi que Caleb pressentaient depuis le début que je m’étais tue.

Alors finalement, lorsque nous étions arrivés sur les lieux, j’avais décidé d’ouvrir le dialogue avec elle en me présentant tout d’abord avec un sourire, en lui tendant la main. Une simple présentation officielle devrait faire l’affaire.

« Bonjour Madame, je suis Keri’ Caldin. Electromécanicienne, je suis ravie de pouvoir participer à cette expédition avec vous. »

Je lui décrochai un grand sourire, la politesse était passée, je pouvais redevenir la fille ultra-curieuse, mon sac à dos adapté à la marche, mes outils dans le sac et de quoi manger dedans ainsi que d'autres choses qui m'avaient semblé utile pour survivre. On ne savait jamais, je frottais mes mains me tournant vers mes trois autres comparses avec un grand sourire. Oui, j’avais hâte, très hâte.

Mades venait littéralement de tomber dans les pommes alors que je tendais la main pour me présenter. Etrangement, je ressentis un léger frisson dans le dos. Serais-je contagieuse ? Lorsque vous avez vécu toute votre vie malade, que peu de gens vous témoignaient une affection physique ou même encore un contact corporel… Par réflexe. On a toujours ce sentiment qu’au fond, on a comme la peste qui se tapit au fond de nous, prête à tout dévorer sur son passage. Je regardais l’équipage qui nous avait emmené s’affairer autour de la dirigeante alors que ce sentiment de parasite se propageait au fin fond de mon estomac. Là où normalement les papillons s’envolaient…

J’étais quasiment sûre que toute joie s’était envolée de mon visage pendant ce cours instant où la rouquine s’était écroulée devant moi. Je vis flou. Je rétractais mes mains dans mes poches par réflexe, avant de jeter un coup d’œil au reste de l’équipe. Caleb était motus et bouche cousue, pas un seul mot. Je pouvais comprendre, il en avait marre de l’attention du public alors quand Azel s’était avancé vers lui pour lui parler. Je vis de nouveau flou.

Je le sentais au fond de moi que mon meilleur ami n’allait pas pouvoir se taire. Et ça ne loupa pas, j’ouvris de grands yeux à sa remarque imaginant toutes les tortures que je pouvais faire subir à cet être manquant de tact au possible. Je vais le tuer. Je venais de passer du livide à l’écarlate. Damn.

Passant devant avec Ura qui venait de me jeter un coup d’œil, je donnais un coup au brun le poussant vers l’eau avant d’accorder un immense sourire à Caleb. Avant de lui marmonner mal à l’aise.

« Désolée pour ce boulet… »

D’une grimace, j’haussais des épaules. Mes doigts avaient envie de le toucher mais je ne savais pas trop ce qu’il penserait… En public. Alors ma main s’étant attardée momentanément dans l’espace entre Caleb et moi, je la rétractais partant à la suite d’Ura, le bruit du fatras de mon sac sur mon passage.

Cette dernière ne supportait pas mes compatriotes visiblement, elle faisait voyage uniquement pour moi et sa curiosité maladive. Point commun qui nous permettait de partager quelques petits trucs quand même. Passant mon bras sous le sien, je lui glissais telle une conspiratrice.

« Ouvrons la porte ensemble. »

Un clin d’œil et je la lâchais pour m’élancer à la découverte de ce lieu, je posais ma main sur la porte métallique avant de lancer haut et fort.

« A trois ! Un… Deux… Trois ! »

Cette porte ne voulait définitivement PAS s’ouvrir. Je la secouais dans tous les sens, mais pourquoi cette fichue porte ne voulait pas céder… Je commençais à réfléchir si nous ne devrions pas faire le tour ou que je demande à Azel de m’aider à la faire sortir de ses gongs. Je fixais le sol momentanément fronçant des sourcils avant de me sentir aspirer. Je crois que le cri qui quitta ma poitrine fut plus fort que moi. Un cri de surprise, peut-être un peu teinté de peur.

Je regardais autour de moi, cherchant un support, quelque chose, mon cerveau avait pris le relais. Ma conscience au second plan. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait et j’avais peur. Juste peur. Les autres se rapprochaient tous de moi, aspirés par ce sol vorace. Et merde. Là, j’avais peur.

Il n’y avait que le vide sous moi. J’avais dit non à la Mort, une fois, ce n’était pas pour me faire bouffer par le premier truc chelou, cherchant un moyen de me sortir de là, je réalisais que c’était trop tard, ma tête était trop proche du sol.
Puis ce fut la chute, puis je compris à quel point j’avais d’air dans mes poumons quand je poussais le cri strident alors que je ne savais pas si j’allais mourir d’une chute aussi incompréhensible que je sentis l’eau m’accueillir.
Le silence de l’eau m’étourdit quelques instants, la surprise faisant encore résonner mon cœur. Je regardais autour de moi avant de battre des pieds pour me mettre dans le bon sens, tête vers le haut, j’avais pieds. Je toussotais, reniflant.

Je regardais autour de moi, regardant si chacun de mes comparses allait bien avant de lâcher un « Désolée » dépitée plus qu’autre chose. J’avais eu peur. Plus peur qu’à la coutume. Je sortis du bassin en quelques pas pour découvrir une caverne… Splendide

« Wow… »

Je tournais plusieurs fois sur moi avant de sourire légèrement mélancolique de cette idée de mine merveilleuse, avant de commencer à essorer mon t-shirt, puis ma veste. Les cheveux avant de regarder mon jean et décider de l’essorer rapidement avant que tout le monde ne me rejoigne.
Il ne fallait pas que j’attrape froid… La pudeur avait fini par devenir un luxe dont l’hôpital m’avait privé pendant plusieurs années, alors si les intéressés émettaient un commentaire sur mes jolis sous-vêtements vous m’envoyez ravie. Mes poumons passaient clairement avant ma pudeur. Je frottais mes mains pour tenter de commencer à me réchauffer.

« Ça commence bien… »

Je regardais autour de moi, le plafond avait disparu et les pièces semblaient s’étendre vers d’autres… Hors de questions de s’éparer, j’ai fait une bêtise pas deux.