J’avais une envie de muffin. Une très grosse envie de muffin à la cerise à vrai dire, et fort heureusement pour moi. Il n’y avait qu’un lieu qui allait accueillir mon envie exceptionnelle : la pâtisserie d’Evan. Comment j’étais venue à connaître un tel lieu dans la capitale ? Et bien… J’avais juste faim et Evan était plus drôle. Ça et les pâtisseries qui étaient juste divines, donc aujourd’hui j’étais fort heureusement en ville pour une mission.

Je pouvais donc pleinement faire le plein de pâtisserie délicieuse qu’Evan pouvait préparer. Je me frottais les mains, satisfaite. Je venais de terminer la réparation d’une chaîne thermale, le casque branché sur les oreilles, j’étais de bonne humeur. Une humeur à danser, je devais être honnête.

La réparation ne m’avait pris que deux heures, c’était une pompe qui était en panne, et j’avais eu le droit à une douche gratuite ainsi qu’une invitation aux soins. Dansant un peu, mon énorme casque sur les oreilles, je m’étais changée. Jean, sweat crop top. J’avais un chignon orné du ruban si vieux que Caleb m’avait offert et je marchais d’un pas joyeux.
Le week-end des amoureux était fini, j’avais du temps devant moi et la douleur récente de mes maux de ventre était désormais envolée. Je souris satisfaite, alors que je reconnaissais la rue que je descendais pour récupérer ma voiture. Une fois à bord, j’enclenchais le mode automatique. Quoi l’adresse de la boulangerie ? Enregistrée ? Je ne vois pas de quoi vous pouvez bien parler. Je n’y allais pas si souvent que ça… Je crois.

Une fois garée, le casque autour du coup, je déboulais avec un immense sourire, ce qui était sympa avec Evan, c’était certainement que je pouvais être autant bizarre que lorsque j’étais avec Azel, il n’y avait rien d’étrange. Il ne prenait pas mal ce que je pouvais dire. Faisant tinter la sonnette, heure creuse je pouvais m’immiscer dans un bruit fracassant.

« Et la staaaaar apparaît ! Et oui, c’est moi ! »

Je décochais un immense sourire à Evan en prenant la pose de Tokina dans Tarzan, vieux film terrien, s’il n’avait pas la référence, j’allais probablement l’engueuler alors que je m’avançais vers le comptoir dans un immense sourire.

« Comment va mon pâtissier préféré ? »

Je tirais un tabouret vers moi alors que je regardais l’homme qui se dressait face à moi. C’était un morceau de muscle ambulant, son ruban comme s’il essayait de retenir quelque chose sur son front. Ses yeux bleus, il aurait pu être populaire auprès de la gente féminine comme masculine, je ne connaissais pas ses goûts là-dessus à vrai dire. La seule chose que je connaissais réellement de lui, c’était qu’il faisait des blagues aussi terribles que les miennes. Je lui adressais à nouveau cet immense sourire caractéristique de l’enfant que j’étais restée.

Evan était quelqu’un de dynamique et qui avait le don de toujours me tirer un sourire par sa nature. Il était expressif, grand, blond et musclé. Parfois quand je l’observais, je me demandais comment cela faisait-il qu’il semblait si seul. Enfin bref… Je n’étais clairement pas assez proche de lui pour parler de ça.

Assise, je posais mon sac à terre, prête et toute ouïe pour notre conversation traditionnelle entre ses déboires amoureux ainsi que ses nouvelles créations. J’avais déjà l’antispasmodique au cas où si je mangeais trop de ses sucreries.

Je regardais avec de gros yeux gourmands la tartelette avant de tendre les mains vers celle qu’il me tendait. Le sourire sur les lèvres au nom de sa nouvelle invention. Il avait un humour particulier. Unique un peu.

« Tu as loupé ta dernière sortie… Tu as encore brisé des cœurs ? »

Je lui lançais rapidement un sourire moqueur, avant de me concentrer de nouveau sur la petite tartelette qu’il venait de m’offrir. Je l’observais sous tous les angles. La belle couleur rouge de la cerise, la petite meringue qui semblait encore crémeuse… J’essayais d’imaginer les goûts, je n’allais clairement pas pouvoir résister.

« Je peux… Vraiment ? »

Je croquais dedans avec un grand sourire, avant de commencer à tressauter sur place tellement c’était bon. Savourant tous les goûts qui se précipitaient sur ma langue encore pas si habituée à une nourriture aussi délicieuse.

« Evan ! Mais chest chuper bon ! »

Je croquais de nouveau en me tortillant de nouveau sur ma chaise. Ok, j’avais définitivement bien fait de passer aujourd’hui. Olala, quelle tuerie !

J’esquissais un sourire en imaginant subitement Evan dans une tenue de jardinier. Aka le magnifique bleu de travail, la casquette vissée sur ses beaux cheveux blonds. Je ne pus retenir le petit rire à cette image qui menaçait d’apparaître. Je lui répondis calmement :

« Peut-être que ta reconversion devrait commencer maintenant… »

Je l’écoutais parler de ses soirées sans pour autant réellement comprendre. Je n’en avais tout simplement jamais faite. Jamais de ma vie. Je ne pouvais que le croire sur parole mais ce n’était pas pour autant que je devais probablement relancer le sujet là-dessus. Il était jeune, il devrait probablement en profiter.

« Ça veut dire que tu vas rester célibataire encore un moment ça ! »

Je fis une grimace avant de finir ma délicieuse pâtisserie, je pouvais comprendre que certaines personnes soient malheureuses d’être célibataire. J’en avais fait un deuil personnel pour ma part. Je n’étais pas assez attirante.
J’eus un sourire en coin lorsqu’il commença à s’agiter avant d’hocher la tête.

« Tu sais que j’adore tes pâtisseries et que je fais essentiellement la route pour elles… »

Je commençais à loucher sur les nouveaux produits pour savoir ce qui allait probablement finir dans mon frigo au plus vite, frottant mes mains froides. Avec un bon thé c’était certain que cela passerait bien.