Cela faisait maintenant des mois que tu avais coupé contact. Tu ne t'étais jamais rendu jusqu'à la prison jusqu'à maintenant. Tu n'avais même pas concédé à lui donner visite un jour. C'était mort, effacé, oublié.
Mais au fond de toi, tu savais que tu craquerais un jour. Il avait fallu d'une braise, qui se rallume au fond de ton coeur pour te décider.
Il était douloureux de pénétrer en ces lieux, que tu n'avais jamais visité au final. Faire face à cette fille que tu avais cru connaitre sur le bout des doigts pendant des années, et accepter qu'elle soit la métaphore même de Judas était une épreuve.
Tu revois le visage débordant de haine de Félice lorsqu'elle a abordé le meurtre que Iotas avait commis sur la grande prêtresse.
Et toi Cassidy ?
En avais-tu de la haine ?
Certainement. Mais pas pour les mêmes raisons.
Tu lui en voulais d'avoir tout gâché. D'avoir réduit ce que vous aviez, au néant.
D'avoir parasité ton esprit et y avoir instauré une mélancolie à la limite dépressive.
De n'avoir répondu à aucune de tes missives.
Celles que tu n'avais jamais envoyé.
On t'accompagne à sa cellule. C'était le genre de privilège que tu pouvais t'offrir, toi l'un des cinq humains les mieux gradés de ta civilisation.
La décence de pouvoir te présenter à ceux qui sont tombés bien bas.
Tu te tiens droit, le dos bien structuré et les yeux vides de toute empathie.
Elle est là, au fond de sa cellule depuis trop longtemps à ton goût. Reclue comme une captive, comme le monstre qu'ils voulaient qu'elle soit.
Mais tu ne voyais que cette fille qui t'avait plus pendant de longues années. Sans la reconnaitre derrière ses nouveaux traits.
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« Iotas. » La colère gronde dans ton coeur, Cassidy.
Celle que tu avais retenu pendant des mois ! Sans jamais réussir à l'exprimer autrement qu'en tout détruisant.
Tu n'avais rien cassé depuis maintenant. Trop de temps.
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« Es-tu seulement encore Iotas ? La fille que j'ai connu ? » Les mains dans les poches, tu poses ton pied contre la vitre qui vous sépare, l'air de te retenir de mettre cet endroit à feu et à sang.
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« Car tu lui ressembles, seulement. »