— Encore un veeeerre...
— Mais t'es déjà dans le mal ?
— Non pas du tout.

Il lève la main. L'ordre est lancé, le mal est fait. L'homme pousse un soupir. Il s'adosse dans le creux de sa chaise, fait une moue.

— Me regardez pas comme ça..
— T'es pas présentable.
— Je fais de mon mi-.. oh ! Merci.

Grand sourire au serveur, tout aussi décontenancé. Le visage de Sirius augure d'autant plus de problèmes à régler dans la soirée. Le jeune homme porte l'alcool à sa bouche. Ses lèvres, légèrement gonflées par la liqueur, ne dénotent pas d'un sou avec ses joues rougies.

— Vous buvez plus ?
— J'ai déjà assez dépensé comme ça. Toi aussi tu devrais faire attention.
— C'est pas comme si j'avais d'autres raisons de le dépenser.
— C'est pas non plus comme ça que va revenir ta nana.

Sirius fronce les sourcils. Il se penche en avant, l'air un peu contrarié.

— Ça a rien à voir.
— Ça va, ça va. Je suis au courant. Il marmonne. À force d'en parler depuis trois heures...
— Ah co-.. Le garçon est pris d'un hoquet infernal. Décidément, l'alcool ne lui réussit pas.
— Comment tu vas rentrer au phare ?
— À pe.. pied.
— Ouais, non. Tu sais quoi, je vais te ramener.
— Trop aimable.
— C'est surtout pour avoir la conscience tranquille.

À moitié lucide, Sirius frappe son poing contre sa paume. Il rit doucement, puis prend une gorgée. Encore.

— Allez, on y va ?
— Mais j'ai pas fini de boire.
— T'as bien assez bu comme ça..
— N-..

Trop tard. Sans qu'il puisse réagir, et dieu sait que ses réflexes sont retardés par l'eau-de-vie, il se fait piquer son verre. Vidé d'un trait, il se retrouve sans boisson.

— Eh !
— Allez, c'est parti.

Sirius se mord la lèvre. Il se lève, mais retombe sur sa chaise. Deuxième essai, et il manque de faire connaissance avec le plancher, mais se rattrape de jeunesse. Le monde bouge autour de lui. Un peu trop vite, d'ailleurs. Ses yeux balayent la salle, et il croit même capter une conversation entre son bienfaiteur et le serveur. Apparemment, il est reconnaissant de ne pas avoir à le gérer lui-même.

— Je trouve pas la sortie.
— C'est normal, tu regardes le mur.
— Ah.

L'homme lui fait signe. Tous les deux, ils sortent du bar et profitent d'un courant d'air frais.

— Comme tu te sens ?
— Hyper mal.
— Pas étonnant.
— Mais... mio-mieux que d'habitude.
— Roh, tu vas me faire pleurer. Roulement d'yeux. Il était plus sympa sobre que saoul, celui-là. C'est pas bourré que ça va s'arranger, si ?
— Je pensais qu'elle serait là, ce soir.
— Heureusement que non. Si c'est pour te voir dans cet état, c'est pas la peine.

Il marque un point. Sirius regarde le sol, avant de manquer de s'étaler par terre. Les perspectives, c'est dangereux à ce moment de la soirée.

— M'ouais.
— C'est sûr. Essaie de prendre un peu plus soin de toi.
— Oui... merci, Hector. Il sourit, sincère.
— Moi c'est James, mais ça va aller. Allez, on file.