Rien n'est plus vivant qu'un souvenir. [Keridwen] Banniere-56392a6
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Rien n'est plus vivant qu'un souvenir. [Keridwen]
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Caleb Yilmaz
Caleb Yilmaz
Humain
Caleb Yilmaz
Caleb Yilmaz
Emploi : Mineur
Caleb Yilmaz
Dim 20 Jan - 19:13
RIEN N'EST PLUS VIVANT QU'UN SOUVENIR

C'est toujours à moi qu'on refile le sale boulot.
Fatigué de la journée, le corps noirci du labeur et de la chaleur infernal au fond des entrailles de la terre, je me retrouve de corvée de gardiennage. Même pas le coup du hasard ou de la malchance, non, simplement parce que je suis le plus apte au boulot, parce que dehors, la nuit va tomber et parce que je suis le seul con qu'a pas besoin de garder toute la mine éclairée éclairé pour voir ou il fout les pieds. Économie de courant. Mon cul, c'est juste que personne à envie de traîner dans le coin passé la relève, surtout si c'est pour attendre le technicien en poireautant autour d'une foreuse défectueuse.
Alors je suis là comme un con à errer dans les galeries sombres. Pas de lumière, juste mes yeux et leur faculté à tout voir même dans le noir. Vidés de toute forme de vie, ces tunnels sont d'un sinistre à glacer le sang de n'importe qui. Par moment, je jure entendre la montagne grogner, respirer, vivre. C'est sûrement mon imagination, pourtant, je passe mon temps à regarder par dessus mon épaule, les yeux rivés sur un trou noir sans fin.
C'est ridicule.
Je suis seul ici, désespérément seul. J'en soupir, mon souffle résonne sur les proies de pierre, le bruit de mes pas sur la terre est le seul bruit qui m'accompagne à mesure que je progresse dans ce long couloir froid. J'ai laissé la machine derrière moi, retournant vers l'entrée sans trop me presser. La réparation ne peut pas attendre, rien ici ne peut attendre. L’ascenseur grince sous mon poids et me remonte vers la surface, je sens déjà l'air frais venir glacer la sueur de mon corps, l'odeur de la pénombre me parvient finalement. Une bouffée d'air frais.
Je décide d'en profiter en me grillant une cigarette, pour tuer le temps et l'air pur environnant. Sa chaleur me réchauffe vaguement, je fais signe aux deux trois gardes, plus occupé à mater, je ne sais quoi sur leurs pc plutôt qu'à veiller à ce tout aille bien. Peut être que je devrais aller leurs rappeler que y'a des tarés qui font péter des bombes partout et que c'est peut être aussi pour ça qu'on les paye, mais faire en sorte qu'ils fassent leurs boulot c'est pas tellement mon souci.
Pour le moment, je veux juste en finir. Planqué dans un coin de pénombre, j’entends finalement des bruit de pas s'approcher. Il aura pris son temps le gars. Sans bouger de ma place à plusieurs dizaines de mettre de là, j'observe le nouveau venu. Ou plutôt, la nouvelle.
Une femme ?
C'est inattendu, sans trop que je sache pourquoi d'ailleurs. Les yeux rivés sur elle, je distingue aussi facilement son visage que si elle s'était trouvée à trente centimètres de moi. Jamais vus, du moins j'en ais pas de souvenir. Une part de moi se met en alerte, vieux réflexe, entre l’armée et les attentats, j'ai appris à d'abord me méfier et analyser avant de tirer une conclusion. Elle semble jeune, mais pas paumé, elle regarde l'entrée sans faire attention à se dissimuler à qui ce que soit, signe que c'est sûrement elle que je devais accueillir, ou qu'elle vient tenir compagnie aux gardiens. C'est des trucs qui arrivent plus d'une fois.
Super. Je suis pas plus avancé, mais je suis quasiment certain qu'elle est pas là pour divertir des incapables. Alors autant aller la trouver. J'espère qu'elle va pas trop mes les brisés, parce que c'est pas vraiment le soir là. Après quelques secondes à la fixé dans le noir, je me décide à lâcher mon coin pour m'approcher d'elle. Avec les structures imposantes et les divers véhicules de chantier un peu partout, elle ne semble pas m'avoir remarqué, et la pénombre se fait de plus en plus sombre.
« Hey. »
Des fois j’oublie que tout le monde n'a pas mes yeux, c'est pour ça que je fais jamais vraiment gaffe à comment je fais mes entrées. Parce que voir un mec avec ma tronche surgir de l'ombre avec ses yeux luisant ça doit quand même être sacrément flippant.

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Keridwen Caldin
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Humaine
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Emploi : Electromécanicienne
Keridwen Caldin
Dim 20 Jan - 20:44

YILMAZ
Caleb

CALDIN
Keridwen

「 Rien n'est plus vivant qu'un souvenir. 」
J’avais eu un brin de route avant d’arriver à la mine. Je dois dire que c’était plutôt agréable de devoir voyager pour son métier, cela me permettait de voir autre chose que les mêmes machines, les mêmes personnes mais surtout les mêmes paysages. Découvrir le monde… J’avais clairement du retard là-dessus, surtout quand je m’entendais m’émerveiller à chaque arbre qui se trouve sur le bas-côté de la route. Ridicule ? Fort heureusement pour moi, j’étais seule dans la voiture. Personne ne se foutrait de ma gueule des merveilleuses couleurs du jour qui tombent. Travailler de nuit ne me gênait clairement pas, j’avais tout l’équipement nécessaire pour me permettre d’avancer dans le noir et cela m’évitait même de remarquer que le monde autour de moi était parfois trop petit pour mon esprit.
Une fois, sur les lieux, j’ouvrai mon coffre pour enfiler la tenue réglementaire. Excepté que celle-ci n’était pas bleu électrique qui abîme tant les yeux, non, non. Hors de question. J’avais quand même un peu d’amour propre, déjà que j’étais aussi épaisse qu’une brindille. Elle était d’un kaki qui faisait assez militaire, un peu comme ces aviateurs. Je l’enfilais, mes lunettes de protections autour du cou. Celles-ci, je les aimais bien, un mélange entre des lunettes de plongées et de réelles lunettes. Mon énorme sacoche pleine à craquer de fils et d’outils en tout genre. Je m’avançais sur la route qui visiblement venait de m’interdire le droit de poursuivre dans ma superbe voiture. Mes yeux étaient donc rivés sur le sol, une de mes petites lampes torches à la main, je ne voulais pas tomber et me casser quelque chose. Ça serait quand même vachement con alors que je venais de commencer à pouvoir travailler à plein temps.
J’étais donc en train d’avancer à mon petit rythme en cherchant le poste de garde pour me présenter. A quoi allaient-ils ressembler ? Seraient-ils couverts de suie ? Je commençais à jouer par réflexe avec l’un des mousquetons qui étaient sur mon sac. La suie, c’était plus les ramoneurs, ça non… ? Alors serait-il comme ces clichés de gardes bien gras comme dans les vieux films que je pouvais regarder dernièrement ou comme dans les livres que j’avais pu lire ? Je me mordillais les lèvres alors que je me présentais aux gardes, précisant ma venue.
Et comme attendu, ils n’avaient rien de particulier, je commençais à zieuter leurs expressions et tenues essayant d’apprendre un peu plus sur ce genre de métiers, ils me précisaient vaguement que quelqu’un allait venir me chercher, que je n’avais qu’à l’attendre là. Je fis une moue, gonflant la joue, un peu saoulée d’attendre mon guide. Je shootais du bout du pieds un gravier avant d’attendre un peu plus loin dans le noir.
Je ne sais pas combien de temps exactement, j’attendis. Mais le guide me prit clairement par surprise. Un simple « Hey » qui me tira de mes pensées tourbillonnantes sur ma prochaine création. Je sursautais en relevant la tête vers celui qui me parlait. Cependant tout ce que je vis, ce fut deux lueurs fauves au sein de la pénombre. Holy shit. J’haussais des sourcils, un félin ?

« Bonsoir. »

Politesse, merci d’être devenue un réflexe à ne pas paniquer. MERCI INFINIMENT. Il m’avait fait peur clairement, je tentais de reprendre contenance en tentant d’apercevoir son visage à travers l’obscurité, fronçant des sourcils alors que je cherchais de ma main droite, une de mes lampes.

« Je suppose que vous êtes celui qui va me montrer la machine. Je m’appelle Keri’ Caldin, je vous suis. »

Lumière ! Je cliquais sur la lampe en la levant un peu vers le chemin et non pas dans le visage du jeune homme. Même si ma curiosité commençait déjà à me démanger de savoir qui était mon interlocuteur. Il valait peut-être mieux que je m’abstienne de l’éblouir. Peut-être pour l’instant.
Caleb Yilmaz
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Humain
Caleb Yilmaz
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Caleb Yilmaz
Lun 21 Jan - 11:11
RIEN N'EST PLUS VIVANT QU'UN SOUVENIR

Elle se retourne vers moi brusquement vers moi. Si elle semble surprise une seconde, elle reprend rapidement contenance en se présentant sobrement. Donc c'est bien elle qui venait s'occuper de la panne. Mon regard la scrute plus attentivement, elle a le matos pour ainsi que la tenue et elle semble plutôt dégourdi, elle s'est pas laissé déstabilisé même si y'a de quoi flipper un bon coup en me voyant. C'est bien, au moins elle ne risque pas de rechigner à se perdre dans les entrailles de la mine. Après quelques secondes à la jauger du regard je finis par lui faire un simple signe de la tête à son attention.
« Yilmaz. Bon reste prêt de moi je t'amène. »
pas besoin de plus de politesse de toute façon on est pas là pour tailler la discute. Je tourne les talons et me dirige vers le post de garde ou ces messieurs se redressent à mon arrivée comme pour tenter de berner le monde en faisant mine de travailler. Je pose un regard blasé sur le duo en uniforme et me contente de désigner la jeune femme qui m'accompagne d'un signe de tête. Je sais pas pour combien de temps y'en à alors je préfère ne rien leur dire, de toute façon ils sont supposés rester là jusqu’à l'aube.. S'ils ne piquent pas du nez avant, mais ce sera leur problème.
J'approche du bâtiment principale sur le flanc de la montagne, l'entrée des mines, là ou tout commence. Arrivé prêt de la zone de pointage, j'allume la lumière pour voir un peu mieux ce que je dis et je m’arrête pour attraper un casque de sécurité ainsi que le matériel pour descendre. Je lui en tends un équipé de lampes plus performante et un harnais équipé en cas d'effondrement ou de problème autre qu'une panne technique.
« Enfile tout ça. Tu peux pas descendre sans. Sécurité. »
Pas beaucoup de mots, je vais droit au but, parce que tout ça me soûle déjà bien assez et parce que j'ai vraiment pas envie de passer ma vie à lui expliquer pourquoi elle doit aplatir son brushing. Quoi qu'à la vue de son bleu de travail et les taches dessus, ça doit pas être le genre de meuf à ce préoccupé de ça. C'est un mécano après tout.
« Bon je t'explique rapidement. On va commencer par descendre avec l’ascenseur derrière moi. Ensuite on prend une navette jusqu'au tunnel 4. La machine sera à quelques minutes de marche. Dés qu'on sort de la navette tu connectes ton harnais à la rampe de sécurité, ensuite tu me suis et tu me quittes pas des yeux, c'est un vrai labyrinthe là dedans, tu loupes un croisement et tu te retrouves au dessus d'un trou de 100 mètres. Jusque là c'est bon ? »
Petite pause simplement pour être certain qu'elle suive avant d'entrer dans la mine. Puis si elle a des questions, c'est le moment. Planté devant elle, j'attache mon propre harnais en vissant le casque sur ma tête.

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Keridwen Caldin
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Keridwen Caldin
Lun 21 Jan - 13:00

YILMAZ
Caleb

CALDIN
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「 Rien n'est plus vivant qu'un souvenir. 」

J'appréciais qu'il ne fasse aucune remarque sur le sursaut que j'avais su réprimer. C'était déjà un bon point pour les yeux félins maintenant en voilà un deuxième. Yilmaz. C'était bel et bien évidemment son nom de famille. Cela ne sonnait pas comme un prénom. Enfin… Je crois. Je le suivis en silence jusqu'aux postes des deux gardes qui me laissaient de plus en plus suspicieuse  sur leur  soit-disant fonction mais surtout utilité. Ils ne dirent pas grand chose si ce n'est me demander de signer une décharge pour la sécurité etc etc. Habituée à ce genre de paperasses, je l'expediais rapidement avant d'entrer dans le ventre de la terre.

Le jeune homme devant moi prit la peine d'allumer la lumière alors que je cliquais sur ma lampe torche que je rangeais aussitôt, naturellement je relevais alors la tête pour le fixer alors qu'il me parlait. Ce n'était pas étrange de fixer son interlocuteur, non ? Ses yeux fauves, d'un jaune si pur me tirèrent un sourire. J'aimais énormément cette couleur pour les yeux, enfin bon. Quelque chose me semblait étrangement familier sur son visage, Comme si je l'avais connu, il y a longtemps, j'attrapai le casque qu'il me tendait avant de sortir un ruban à cheveux.

C'était l'un de mes biens les plus précieux, un garçon à l'hôpital me l'avait offert. Je crois d'ailleurs que c'était le premier à m'offrir quelque chose à part Azel et ma famille. Il était d'un blanc pur, immaculé de tâches, seulement des fleurs de couleurs qui venaient ponctuer le tissu de qualité par leurs broderies. J'aimais beaucoup ce ruban et je le portais depuis des années. Il ne semblait pas abîmer par l'âge avec le soin dont je faisais preuve envers lui. Je souris à la vue du tissu familier avant de me tresser la chevelure écarlate afin d'enfiler le casque. J'appuyais naturellement sur la lumière avant d'enfiler le harnais. J'avais l'habitude d'avoir tout un paquet de choses sur moi, une protection de plus.

Cependant une petite voix au fond de moi s'inquiétait pour quelque chose. Est ce que tout serait bien dégagé ? Est ce que les entrailles de la terre ne voudraient-elles pas m'avaler ? La brindille que j'étais se sentait mal à cette idée. J'inspirais lentement. Du moment que je pouvais respirer et bouger tout irait bien.

Je souris à Yilmaz, j'étais prête. Pour le moment. Je pouvais prendre l'ascenseur, sans aucun problème, ma sacoche bien en place pour me permettre de saisir mes outils au plus vite.

« Allons-y alors.  »

Je fixais le mineur, me demandant comment ça se faisait qu'un gars comme lui me disait autant quelque chose. Est-ce que j'avais déjà bossé avec lui ? J'avais déjà un milliard de questions qui se formaient dans mon crâne. Mais c'est pas comme ça qu'on démarre une bonne relation. Non ?
Caleb Yilmaz
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Caleb Yilmaz
Mar 22 Jan - 10:21
RIEN N'EST PLUS VIVANT QU'UN SOUVENIR

Elle écoute attentivement, au moins elle est sérieuse, pas du genre à penser qu'elle va gérer quoi que je dise. Que c'est elle la pro et que c'est pour ça qu'on a fait appelle à elle. Mais la dessous, c'est différent, et sa sécurité dépend de moi, j'ai aucune envie de perdre plus de temps encore à remplir des papiers d'accident où je ne sais quoi. Pas compatissant une seconde. Mais je suis trop fatigué pour ce genre de conneries.
Une fois en tenue, je profite qu'elle finisse pour aller enclencher l’ascenseur qui se met à faire un bruit infernal. Au moins il ne grince pas trop ce coup ci. En me retournant je constate qu'elle à noué ses cheveux pour plus de simplicité. Le casque vissé sur la tête, un détail n'échappe pas à mon regard. Le genre de détail qui agite des souvenirs enterré depuis bien longtemps.
Elle a un joli ruban blanc dans les cheveux.
Un simple ruban.
L'espace d'une seconde un voile opaque masque le monde pour faire émerger des souvenirs oublié. Un visage familier, un sourire si souvent regretté. C'est comme faire un pas en arrière. Des dizaines d'années en arrière quand elle portait encore ce ruban. Il ne la quittait jamais, d'aussi loin que je me souvienne, je crois que j'ai pas un seul souvenir d'elle sans cet ornement. Il était doux comme sa peau et son regard. J'ai l'impression d'entendre sa vois et son rire, comme si c'était hier. Souvenirs chaleureux d'une époque heureuse. Et puis un jour tout s'est arrêté, le noir, le froid . Quelqu'un nous l'a enlevé, ne laissant qu'un ruban pour souvenir. Douloureux. Inutile.
Qu'est ce qu'il est devenu ce ruban ?
Je n'arrive pas à me souvenir.
Je fixe la jeune fille, le regard vague et les sourcils froncés, ça fait déjà un moment que c'est devenu gênant, je m'en rend compte et chasse les fantômes de mon esprit. Secouant brièvement la tête comme pour s’empêcher de somnoler.
On disait quoi déjà ?
« Oui ..bon.. Allons y. »
L’ascenseur n'attend plus que nous. Je m’y engouffre le premier et tiens la porte pour que cette femme passe. Même avec beaucoup d'efforts, mon regard reste attiré par le ruban blanc et ses fleurs colorées. Une pulsion me pousse presque à tendre la main pour le toucher. Le frôler, comme si le simple fait de l'effleurer allait répondre à mes questions.
Mais je retiens ma main, croisant les bras en laissant l’ascenseur nous descendre dans les entrailles de la terre. Le noir ambiant rendra peut être mes œillades plus discrètes.
Une part de moi brûle d'envie de lui poser la question. Savoir d’où ça vient, mais la question semblerait certainement étrange, surtout d'un inconnu à l'air aussi peu amical que moi. Elle est là pour faire un job après tout, j'ai envie de rester professionnel. Après tout des ruban comme ça, il doit y'en avoir des centaines... Peut être même plus. J’essaie de m'en convaincre mentalement, réalisant ensuite qu'un silence s'est installé et que la descente jusqu'au bon tunnel risque de prendre un peu de temps.
Trouver quelque chose à dire.
N'importe quoi.
« C'est la première fois que tu viens ici non ? Je t'ai jamais croisé avant.. »
Bon. J'imagine que ça pourrait, être pire.. et au moins je lui ai pas parlé de son ruban, ce qui est en faite un putain d'exploit en soit.

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Keridwen Caldin
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Keridwen Caldin
Mar 22 Jan - 18:36

YILMAZ
Caleb

CALDIN
Keridwen

「 Rien n'est plus vivant qu'un souvenir. 」

Je devais dire que l’armada d’équipement pesé quand même un peu sur ma silhouette presque squelettique, me massant la nuque, j’observais l’ascenseur quelques instants, sceptique d’une telle antiquité grinçante. La mécanicienne en moi commença à grimacer de plus en plus à l’idée dans quelque chose qui faisait autant de bruits. Yilmaz avait fait monter la cage et pourtant rien ne me rassurait dans cet ascenseur. Excepté peut-être l’espace qu’il y avait à l’intérieur. Il était clair que plusieurs hommes de corpulences imposantes pouvaient passer dedans. La brindille que j’étais ne devrait pas trop s’inquiéter de l’espace à disposition dans ce système archaïque.

Je relevais le nez vers mon guide, sans pour autant le viser de ma torche frontale. Il me fixait depuis un moment, je dois avouer ne pas l’avoir remarqué. Voir même pas du tout, je restais donc là silencieuse. Peut-être vérifiait-il mon équipement, ou simplement me jaugeait-il ? Je devais avouer que son regard persistant ne me gênait pas tellement. Si ce n’est que je venais de le remarquer et contrairement aux médecins qui avaient passé la majeure partie de ma vie à m’osculter et tout ce qui s’en suit, il n’avait aucune raison de me fixer ainsi.  Cependant, il se reprit assez vite entrant entre les dents de la terre: l’ascenseur. Peut-être vérifiait-il bel et bien mes équipements. Je ne dis rien et le suivis en silence.

Le jeune mineur ne semblait pas très bavard puisqu’une fois installés dans l’ascenseur, il croisa les bras et ne dit plus rien. Soit. Parfois ça ne plaisait pas à la gente masculine que l’électromécanicien n’était qu’une femme. Une femme brindille aux poumons améliorés. Etait cela qui chagrinait mon hôte ? Ou simplement était-ce commun et propre aux gens de cette ville ? Commençant à réfléchir, je triturais un mousqueton de mon sac comme pour éviter à mon cerveau de penser à toutes ces questions. Comme si je fuyais moi-même mes lacunes sociales. Je retins un soupir, alors que nous avancions dans les boyaux de la montagne. J’avais l’impression de me diriger vers les enfers, je sentis la chaleur monter à chaque mètre que nous faisions. Etant maigre, la chaleur me faisait du bien, j’avais tendance à avoir très souvent froid. Et j’appréciais travailler là où il faisait plus chaud.

Soudain je remarquais que la seule chose outre que mes pensées permanentes et mes questions sans réponses, il n’y avait que mes pas et les échos qui en découlaient. Yilmaz ne parlait pas, ne bronchait toujours pas. J’osais pas lever la tête vers lui pour étudier son visage non pas qu’il m’intimidait, mais j’étais certaine d’une chose: foutre la lumière dans la gueule d’un mec qui n’en a visiblement pas besoin est une mauvaise idée. Après il connaissait peut-être le chemin par coeur ?

Puis il se décida à parler. Une question hésitante, j’haussais des sourcils, un peu surprise qu’il me demande ça au milieu du blabla habituel “Oui, la foreuse est une blabla” ce que je savais déjà. Cependant un léger sourire vint dérider mes lèvres, relevant un peu la tête face à la galerie, fixant droit devant moi. Quelqu’un aurait certainement pensé qu’il tentait peut-être de me draguer. Mais qui draguait une brindille condamnée hein ? Cela faisait bien longtemps que j’arrêtais d’y croire.

«Je n’ai pas eu beaucoup de chance de venir par ici. J’ai majoritairement travaillé à Ranunga.»

Et vécu, il faut avouer… Enfermée dans un hôpital. Il fallait être honnête, j’avais grandi là-bas, et je ne savais toujours pas à quoi ressembler réellement les villes humaines. Personne ne m’avait proposé de me faire un tour, telle une touriste et de poser un jour de congés.

«Tu as toujours été ici ? A Ora ?»

Sa tête me rappelait une sensation étrange, et j’avais besoin de me rappeler où ? Pourquoi ? Qui était-il pour m’évoquer de telles choses ? Je n’aimais pas avoir de réponses à mes questions mais il paraît que les relations sociales ne ressemblaient pas tellement à ce que je pouvais avoir lu. Et qu’il valait mieux les vivre. Sauf que la brindille que je suis, au contact de ses êtres pleines d’épines, risque de me briser, non… ?
Caleb Yilmaz
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Caleb Yilmaz
Jeu 24 Jan - 11:17
RIEN N'EST PLUS VIVANT QU'UN SOUVENIR

Quelques mots pour chasser la gêne.
En temps normal, je n'aurais pas spécialement pris la peine de le faire. Les mecs qu'on envoie ont tendance à faire la conversation tout seuls, ou à ce taire comme moi, lâchant quelques réflexions sur l'infrastructure ou la vision impressionnante du chantier. Mais là, je me sens obligé de la mettre à l'aise vu qu'elle a l'air d'avoir jamais foutu les pieds dans un truc pareil. Et puis c'est une femme, peut être que ça la met un peu mal à l'aise de se retrouver coincé au fond d'un trou avec quelqu'un qui lui adresse pas la parole, mais qui se contente de la fixer bizarrement.
Carrément glauque en faite.
Je suis content que ma tentative ait porté ses fruits. Au moins elle me répond plus de trois mots, visiblement plus à l'aise comme ça. Échanger quelques banalités, c'est probablement le meilleur moyen d'éclater cette bulle. Donc elle vient de Ranunga. Une coïncidence de plus. Comme si le hasard faisait bien les choses. Je sais pas pourquoi mais j'en viens à me dire que son visage m'est étrangement familier. Ma vie dans la cité mixte remonte à dix ans, depuis, je n'y suis passé que quelques fois, les quelques souvenirs qui m'en restent se bousculent dans la tête, essayant de me souvenir de son visage. Je n'arrive pas à m'en souvenir, pourtant, je suis presque sûr de l'avoir déjà croisé quelque part. Ça plus le bandeau, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai la sensation qu'un détail m'échappe.
Alors qu'elle me parle encore, je reste inlassablement fixé sur le souvenir brodé qu'elle porte dans les cheveux. Peut être qu'elle l'a simplement acheté là bas. Oui. Ça reste l'hypothèse la plus crédible, mais mon cerveau ne semble pas vouloir s'en contenter. Je détourne les yeux vers la galerie, décidé à lâcher l'affaire avant de tomber dans un trou à force de pas regarder devant moi.
Sa question reste quelques secondes en suspens avant que je ne daigne répondre.
« Pas vraiment. J'suis ici depuis que je bosse à la mine. Presque deux ans, je pense.. »
J'ai l'impression que ça fait une éternité que je croupis dans cette ville, par moment, j'ai même la sensation qu'y'avait rien avant ça. Comme si j'avais occulté le passé pour ne plus y voir les échecs et les regrets. Il ne reste qu'un grand vide, au moins aussi sombre et profond que ces galeries qui nous entoure. Mais, de temps en temps, quelques détails me reviennent. M'agressent l'esprit jusqu'à me filer mal au crâne. Le genre de trucs dont je me passerai bien même si une part de moi se sent revivre à chaque souvenir. Agréables ou douloureux, la ligne est plutôt mince entre les deux.
« J'ai passé mon enfance à Ranunga aussi. Mais c'était y'a longtemps... »
Ces souvenirs-là sont plus douloureux qu’agréable en fin de compte.
Quittant le grand axe et arrivant devant les galeries plus petites, je lui fais signe de s’arrêter et désigne la rampe de sécurité pour y connecter son harnais de sécurité. Je m’exécute en premier, on l'entend biper et il se met à brillé d'une couleur verte avant de se resserrer sur mon corps, fixant son exosquelette dorsal le long de ma colonne vertébrale.
« Si ça te serre trop dis le moi... C'est con mais ces trucs sont pensés pour des mecs.. »
Et elle avait deux arguments que je n'avais pas.
Conscient que le détail de cette information pouvait être un peu gênant, même si elle reste très pertinente, je saute sur l'occasion pour changer de sujet quitte à me risquer à être plus curieux à son sujet.
«T'es sûr que t'es jamais venu avant ? J'sais pas.. c'est un peu bizarre mais j'ai l'impression de t'avoir croisé quelque part... »
Finalement, c'est ce genre de phrase qui est assez gênante. L'espace d'une seconde j'ai l'impression d'entendre ces mecs bourré au bar qui draguent les femmes en essayant de leurs faire croire qu'ils se sont déjà croisé. Mais c'est pas mon intention, j'ai juste envie d’éclaircir le voile autour de ces coïncidences.
Même si ça me donne l'air d'un mec lourd.

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Keridwen Caldin
Jeu 24 Jan - 19:24

YILMAZ
Caleb

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「 Rien n'est plus vivant qu'un souvenir. 」

Mes yeux scrutaient toujours le sol à mes pieds, j’avais un peu peur de me fracasser et de finir à l’hôpital encore une fois. Je n’osais même pas imaginer la remontrance du Docteur Di Alestra avec sa passion pour l’ostéopathie. Il ne serait vraiment pas content, consciente de ça, je fis une petite moue alors que j’évitais presque de cligner des yeux sur le chemin. Je félicitais ma question qui eut une réponse, finalement j’avais réussi à ne pas paraître si étrange que ça en lui parlant. Bravo, Keri’. Première victoire du jour. Je frottais mes mains l’une contre l’autre alors que je l’écoutais. Deux ans à Ora, autant de temps que je pouvais exercer ma passion. Je répondis donc naturellement.

« Tu n’étais donc pas mineur avant. »

C’était une simple conclusion à vrai dire. Je ne l’obligeais en rien à me répondre, j’esquivais un renfoncement dans la pierre pour ne pas me tordre la cheville. Le laissant continuer à dire ce qu’il voulait finalement prononcer, c’était une chose que j’avais remarqué à l’hôpital. Ce petit silence empli de sons, le son des non-dits, le son « Je cherche comment te dire ça. ». Comme le son du « Keri’, tu vas mourir sans cette amélioration. ». Mon regard devint vide en me remémorant ce choix, ce n’était pas l’amélioration que je voulais mais avais-je réellement eu le choix ? J’inspirai, chassant le sentiment sombre enracinait au fond de ma poitrine qui se réveillait à chaque fois que j’avais ce genre de pensées.
Ranunga. J’écarquillai les yeux. Il avait grandi dans la même ville que moi, je ne pouvais empêcher mon regard de se lever quelque peu vers lui. Impossible. Comment cette coïncidence pouvait-elle se faire ? C’était possible, ça ? Donc je n’étais pas si folle. Je fronçais des sourcils. Mais, où est-ce que je te connais Yilmaz ? Je le suivais, évitant le silence. Je voulais savoir. Je voulais comprendre. Et ça, c’était mon plus grand défaut.

« Tu n’as pas l’air si vieux que ça. »

Ma voix avait un peu d’entrain, comme mon léger rire. L’écho me surprit. Ma voix était si douce ? On dirait que la vie ne l’avait jamais éraillée. Peut-être parce que je n’avais pas pu réellement parler pendant plusieurs années, juste allongée, prononçant vaguement quelques mots. C’était comme si j’avais pu la sentir sous mes doigts, glissante, effleurant ma peau. Juste douce et légère. Comme un toucher d’oiseau, j’étais surprise.
Il me montra alors la démarche à suivre puisque nous nous aventurions dans un chemin plus dangereux, ça avait l’air de serrer. Mais ce qui m’inquiétait plus c’était la possible irritation que cela allait m’apporter. Avant de m’accrocher, je tirais le haut de ma combinaison, la collant au possible dans mon dos. Libérant ma natte de mon dos, la ramenant sur mon épaule, puis clipsait.

« La délicatesse… »

Le contact m’avait fait lâcher un soupir désagréable mais surtout un tintement métallique contre mes poumons, je remontais un peu les épaules, commençais à sautiller sur place, me penchais en avant, me tournais un peu sur moi-même. Ça avait peut-être l’ai chelou de faire ça mais c’était pour savoir si je pouvais bouger au besoin. Et c’était le cas.

« La brindille que je suis devrait s’en sortir. »

Je levais mon visage vers le sien avec un immense sourire avant d’hausser des sourcils quand j’entendis sa remarque. Un sourire en coin se glissa naturellement sur mon visage, un peu gênée d’avoir penché la même, je cherchai de ma main quelque chose pour jouer, sans rien trouver.

Puis il y eut ce détail sur son visage, cette grande cicatrice. Evoquant chez moi, un vieux souvenir enfoui, une caresse fugace sur une blessure à l’hôpital, je répondis alors en le scrutant comme pour chercher la réponse à cette question que nous avions tous les deux.

« C’est marrant que tu dises ça… Parce que j’ai le même sentiment depuis tout à l’heure… »

Ce fourmillement sous les doigts, comme pour aider quelqu’un, ma main droite semblait se tendre alors que je la retenais. On ne pouvait pas toucher le visage de quelqu’un comme ça… Pourtant, j’avais ce sentiment si familier d’être sûr de l’avoir fait plusieurs fois. A quelqu’un qui avait évoqué des sentiments un peu forts chez moi… Je me mordis la lèvre, le fixant comme si je cherchais cette bribe de passé qui me manquait. Ce sentiment que j’avais eu tant l’habitude de taire.

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Jeu 31 Jan - 12:12
RIEN N'EST PLUS VIVANT QU'UN SOUVENIR

Coïncidence, hasard. Je sais pas trop, mais ça devenait assez intriguant en fait. Puis autant chercher tout de suite sinon ça risque de me travailler tout le reste de la soirée. J’essaie réellement de me souvenir de son visage, passant mentalement en revue toutes les possibilités. Elle n'est jamais venue dans cette mine, elle est même pas d'Ora, du coup c'est forcément d’ailleurs. C'est d'autant plus dingue que je ne parviens réellement pas à me souvenir de son visage. Pourtant c'est certain que je l'ai déjà croisé. Peut être que je me délirais simplement, après tout, j'ai passé plus d'une nuit en prise avec l'alcool, ce genre de truc à tendance à flinguer les souvenirs qu'on à des gens.
Mais c'est différent.
Je suis quasiment sûr que c'est pas une des ces filles qu'on rencontre dans les bars. Cette petite part d'ombre m’empêche de me focaliser sur autre chose. Le ruban blanc toujours noué à ses cheveux n'aide pas vraiment. Si seulement je me souvenais de ce que j'en avait fait. Ça remonte à longtemps, une période étrangement refoulée par ma mémoire. Une façon de pas trop laisser ça me bouffer.
Du coup c'est la curiosité qui me bouffe , et je suis visiblement pas le seul.
Un peu rassuré qu'elle ai le même sentiment que moi, ça prouve au moins que je suis pas totalement taré. C'est pas que moi qui déraille. Soit on a fumé tout les deux soit c'est qu'on s'est vraiment croisé. La situation m'arrache un sourire malgré moi. Parce que c'est assez improbable comme situation. Se retrouver coincé dans une mine aussi grande avec le fantôme d'un souvenir..
Au moins ça nous fait un sujet de conversation en avançant dans la mine.. Quelque part, c'est toujours mieux que des long silence gênant à la fixer discrètement, l'obsession au fond des yeux.
« Je suis pas le seul à pas trop m'en souvenir du coup.. »
L’inverse aurait été un peu gênant, je crois ? Au moins dans notre cas on peu pas en vouloir à l'autre puisque ni elle ni moi ne sommes capable de s'en souvenir.. mais c'est plus compliqué de percer le mystère du coup. Je crois même qu'on peu y passer des heures entières. Je pensais avoir un visage plutôt inoubliable. Les balafres que je me tape passent rarement inaperçus, c'est d'ailleurs la première chose qu'on remarque chez moi. Une des seules qu'on cite quand on veut me décrire aussi.. Peut être qu'elle a juste pas beaucoup de mémoire ? Ou alors, c'était avant l'accident.
C'est encore plus troublant du coup.
Approchant d'une galerie plus étroite, je fais une brève halte devant pour vérifier que le passage n'était pas encombré de débris ou d'outils laissé là.
« La machine est de l'autre coté... ça m'intrigue cette histoire mais faudrait pas en oublier de bosser. »
C'est moi qu'on engueule quand le travail est pas fait. Une fois de l'autre coté, je suis certain qu'on finira par se souvenir de quelque chose. A force d'en parler, ça devrait nous revenir à un moment ou un autre.
Je fais quelques pas dans le tunnel sombre, attendant qu'elle prenne ma suite.
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Dim 3 Fév - 19:07

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「 Rien n'est plus vivant qu'un souvenir. 」

Alors toi aussi, tu te rappelles quelque chose chez moi. Qu’est-ce que c’était ? Mes yeux ne voulaient plus quitter son visage. Non pas tant que je n’avais pas de réponse. C’était dur pour moi de ne pas savoir, j’avais pourtant plutôt une bonne mémoire mais je sentais que c’était ce genre de sentiments qu’on tente d’étouffer pour ne pas y laisser ses plumes, son sang… Ce genre de sentiments qui t’arrache un bout d’âme sans que tu y prêtes une réelle attention. Un sentiment qui t’arrache le cœur et que pourtant tu mures le tout, tu rafistoles ton cœur comme si ce n’était qu’une petite cicatrice. Pas le genre d’hémorragie qui te prend réellement les tripes et qui te laissent en doute pendant plusieurs années. Non, un souvenir étouffé. Il était un souvenir étouffé qui démangeait mes mains. Où est-ce que je pouvais bien te connaître Yilmaz ? J’ai grandi dans un institut aux murs blancs, à l’odeur aseptisée et aux rencontres fragmentées. Pour beaucoup d’entre eux, je n’avais été que cette gosse à la bonbonne d’oxygène et aux médicaments. La gamine qui ne parlait pas tant que ça, et qui essayait d’espérer qu’un jour, ils trouveraient eux ces génies médicaux comment sauver les êtres comme moi. Les êtres sans aucune chance de connaître un lendemain. Les êtres vouaient à une vie de douleurs pulmonaires, de médicaments et de journées bonnes comme mauvaises. Les condamnés.

Ne pas trop m’en souvenir… L’idée est que je me souviens de toi, Yilmaz. La seule chose qui ne va pas, c’est que j’ai tout fait pour t’oublier probablement, préférant me dire que c’était plus simple. Que c’était toujours comme ça, comme ces amis enfantins qui mourraient parfois. Mais toi. Toi, tu n’étais pas de ces enfants à la santé fragile. Non, toi, tu étais quelque chose, quelque chose qui avait éveillé chez moi, et ce que j’avais fait c’était te terrer pour difficilement de me rappeler et ne pas ressentir ça avant quelques années. Qui es-tu Yilmaz ? Quel est ton prénom ? Je clignais des yeux avant de sourire, tendant de garder contenance. Où ? Comment ? Pourquoi ? Tellement de questions qui tournaient comme une chanson lancinante dans mon esprit, créant cet effet de toupie si familier aux vertiges, le monde semblait loin. Pourtant sa voix m’avait rappelée à l’ordre. Oui, je ne me souvenais pas trop de toi. Mais pourquoi ?

Reprenant pieds dans la mine, je le scrutais, curieuse. Merde alors. Qui es-tu ? Je frottais mes mains froides, une petite voix me rassurant sur le fait qu’il n’avait pas entendu le bruit métallique de mes poumons contre le harnais. J’inspirais calmement. Oui, le travail, c’était une bonne chose. Je devais réparer une foreuse, je commençai à imaginer la foreuse et les dégâts qu’elle avait subis, ne décrochant pas un mot à sa suite. Une foreuse, c’était plutôt simple à saisir, il n’y avait pas trente-six options. Elle avait quelques fonctions, et nous étions à des années lumières d’un appareil de haute technologie que je pouvais croiser souvent.

Je tendis les mains naturellement sur le côté pour m’étirer, commençant à me préparer pour le travail avant de toucher la paroi. Des deux mains. Je m’arrêtais nette. Retenant ma respiration. Les murs étaient trop près, beaucoup trop près. Je vais mourir. J’allais mourir. Trop près. Beaucoup trop près, Yilmaz n’était pas loin. Je pouvais peut-être sortir bientôt. Je tentais de faire un pas. Impossible, tout mon corps refusait. Ma respiration commençait à sonner à mes oreilles.

Un, inspiration. Le monde est beaucoup trop près. Je ne peux pas. Mes poumons commençaient à se resserrer. Deux, expiration. Instinctivement, je commençais à me recroqueviller pour avoir le plus de place. Un, inspiration. C’était dur. J’avais tellement mal.

Un homme. Une tunique blanche qui me ramasse, qui me soulève brindille enfantine que je suis. Qui me parle mais je n’entends rien, j’ai le goût du sang dans la bouche. Je pleure. J’ai mal. Faîtes que ça s’arrête. Que tout s’arrête. De l’air. Respirer. Il me faut de l’air. Je tente de parler mais rien ne sort.

« Yilmaz… »

Je lève les yeux terrorisés vers le dos du mineur, les mains tremblantes qui tentent de me cacher ce que je vois. Ces murs venant m’étouffer, m’enserrer de leurs bras lourds, écrasant mes poumons. Mes poumons.

Les froissements des tissus ne me parviennent plus, je sens juste le masque et son touché froid de la mort. Je sens l’air qui s’affole à ma bouche, mes tentatives de respirer, les mouvements que l’on force mon corps à adopter. Epuisée. Je sens mes poumons se déchirer. Tentant d’avaler ce qui me manque. Et cette litanie que j’ai beaucoup trop récitée…

« Mes poumons… J’ai mal… »

Je ferme les yeux, enfonçant ma tête dans mes genoux comme l’enfant malade que j’étais, cherchant l’air, cherchant à respirer plus facilement. Les réflexes et les pleurs qui dévalent mes joues. La claustrophobie et les traumatismes qui me vrillent le crâne. De l’air, je voulais juste de l’air. Ne plus subir ces endroits qui m’étouffaient, ne plus frôler la mort. Les mêmes mots sur les lèvres, alors que je cherche l’air. Comme toujours. Comme toutes les crises que je faisais à l’hôpital, dans la rue, partout. Ma vie se résumait à ça, tenter d’avaler ce que les autres pouvaient faire. Tenter de vivre. Juste respirer.

Keridwen ! Tu m’entends Keridwen, respire ! Laisse-toi faire ! Couche-toi sur le côté, tends les mains. Respire Keridwen !

Je n’entendais plus rien, gardant les yeux fermés, n’osant pas bouger, les murs allaient tomber, j’allais mourir, ma respiration sifflait probablement. Les mains serraient dans des poings contre la poitrine, les sanglots écrasants. Et toujours les mêmes mots. Ceux que je disais au pneumologue quand je frôlais le coma, ceux que je disais à Azel, ceux que j’avais pu dire…

« Mes poumons… J’ai mal… »

Peur logique qui s’emparait de mes neurones, il n’y avait plus que ça, la douleur qui me paralysait et la peur d’y retourner. Dans cette prison médicamenteuse.
Caleb Yilmaz
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Mar 5 Fév - 11:50
RIEN N'EST PLUS VIVANT QU'UN SOUVENIR

Je fais quelques pas dans le tunnel sombre, mes yeux se posent au grès de la roche alors que mes pieds me portent machinalement à travers l'obscurité. Quelques pas de plus avant qu'une impression désagréable fasse frissonner mon échine. Quelque chose ne va pas.
Je n'entends que mes pas résonner à travers le couloir.. Pourtant, on est deux.
Une voix me chuchote de me retourner avant même que le murmure de détresse de cette jeune fille ne me parvienne. Elle m’appelle, ou plutôt, elle supplie. Mes yeux la distinguent au bout du tunnel, pétrifiée, suffocante. Par réflexe, mon corps se précipite à ses côté, pensant d'abord qu'elle s'est simplement blessé. Arrivé à sa hauteur, aucune trace de blessure, de foulure ou quoi que ce soit d'autre, pourtant elle souffre. J’entends sa respiration siffler sinistrement alors que ses yeux écarquillés de terreur se ferment, elle se recroqueville sur elle même comme un enfant effrayé par le noir, priant pour ne pas se faire dévorer par les monstres.
« Hey ? Qu'est ce que tu as ? »
Hésitant une fraction de seconde, je finis par poser ma main sur son dos courbé dans l'espoir qu'elle se redresse à ce simple contacte, qu'elle aille mieux ou simplement qu'elle mette fin à cette angoisse qui naissant lentement. Être coincé dans les entrailles de la terre avec quelqu'un d'agonisant ne fait pas vraiment parti de mes activités préférées.
Ne pas céder à la panique.
On est trop loin pour remonter à la surface sans risquer que son état s’aggrave, il faut qu'elle se calme ici et de toute façon elle n'a pas l'air de pouvoir avancer même si je lui ordonne. Peut-être que ce tunnel est trop étroit ? Qu'elle supporte mal les espaces confinés. Envoyer une claustro réparer une machine de forage, qui à eu cette super idée au juste?! Et pourquoi elle ne me l'a pas dit quand on était à la surface ? Je n'aurais pas pris le risque de la descendre ici .. Je peste pour moi même, m'agaçant de la situation jusqu'à l'entendre gémir quelques mots. Des mots qui font étrangement écho au fond de ma mémoire.
Pourquoi j'ai l'impression d'avoir déjà entendu ça quelque part ?
Le regard fixé sur la chevelure de feu, je me laisse porter par les souvenirs que cette voix m'évoque. Plus fluette, il y'a longtemps. Je n'ai que des bruits comme témoins de la scène. Un souvenir brumeux que j'avais presque oublié. Une odeur aseptisée, quelques taches de couleur dont ce rouge feu, toujours accompagné de cette voix guillerette et curieuse de mille questions. Des éclats de rire, des soupirs frustrés.. et puis cette peine. Cette souffrance qui faisait trembler la voix chantante d'une jeune fille. La même qu'ici, maintenant. Je m'attends presque à entendre le bruit strident d'un appareil électronique alarmant les gens tout autour de nous. Comme une impression de déjà vu.
Mais on est seul ici.
La réalité me rattrape, l'obscurité de la mine, son atmosphère suffocante et oppressante. Il faut bouger de là avant qu'elle finisse par s'étouffer. Sans plus attendre, je la hisse dans mes bras, l’attrapant sans difficulté pour la porter. Elle est plus légère qu'elle en à l'air. Ce n'est que maintenant que je réaliser qu'elle est plutôt petite et fine comparé à mon gabarit. Une chance pour nous deux.
Dans mes bras, je prends une seconde pour lui parler, pas certain que ça soit d'une grande utilité, mais c'est toujours mieux que le silence sinistre et le sifflement de son souffle, et puis comme ça peut être que ça la sortira un peu de sa torpeur.
« Ça va bien se passer ok ? Respire lentement.. Pense à autre chose ... »
Je progresse lentement dans le couloir, prenant garde à ne pas frôler les murs de trop prêt, la laisser croire qu'on est ailleurs, surtout pas dans une mine à des centaines de mètres sous la surface.
« Pense à ton endroit préféré.. Aux gens que t’apprécies... Dis toi que tu vas les retrouver quand tu sortiras d'ici après le boulot.. Que tout va bien. Je te laisse pas, et tout va bien se passer. Garde les yeux fermés.»
Aussi curieux que ça puisse être le monde est moins effrayant quand on ne le voit pas. Les yeux fermés, on peu s'imaginer un nouveau monde, on peu se voir ailleurs, se rêver loin, oublié qu'on est coincé quelque part ou que la réalité nous est insupportable, qu'elle nous effraie et nous paralyse. On peut s'imaginer avec qui on veut. Les gens qui nous aiment ou qui nous rassurent.
J'avance encore, gardant un rythme régulier sans me précipiter au risque de tomber. C'est pas le moment de trébucher. Je me surprends à resserrer mon étreinte sur son corps pour être certain de ne pas la lâcher, une crainte qui, comme le souvenir brumeux de ses mots, me semble étrangement familière.
Le voile opaque autour de ce mystère finit par se lever lentement.
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Keridwen Caldin
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Mar 5 Fév - 18:54

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「 Rien n'est plus vivant qu'un souvenir. 」

La douleur était présente. Chaque effort que tentait de fournir mon amélioration me transperçait la poitrine. Je serrais les poings sur ma combinaison, les jointures blanchies par l’effort. J’avais l’impression d’avoir les poumons serrés dans un étau. A chaque mouvement que je pouvais fournir, un feu se répandait sur le coin d’un de mes muscles. Respirer était devenu une torture. Je perdais pieds dans cette folie, cette peur, ce traumatisme de me retrouver encore enfermée. Loin de tout. Loin de ma vie. Comme prisonnière de mon corps. Un esprit dans une prison de chair. Je pleurais de douleur, tentant de trouver la logique pour me calmer, mais tout ce qu’il y avait c’était cette peur qui hurlait au fond de mon crâne. Mon esprit trop souvent prisonnier qui finissait par contrôler tout ce qui se passait. Qui finissait par avoir pris le dessus sur mon corps si fragile. J’étais une condamnée à l’esprit avide de vivre.

Quelle ironie était-ce là ? J’avais l’impression parfois de m’auto-détruire dans cette façon de chercher à m’échapper de cette faible enveloppe corporelle ? Alors que je commençais à frotter le haut de ma poitrine par mécanisme comme pour m’arracher cette peau, cette entrave, je le sentis. Je sentis sa chaleur corporelle qui traversait la couche de mes vêtements. Faisait-il si froid ? Je savais bien que non, c’était uniquement moi, comme toujours et mon corps qui avait toujours si froid. Le sous poids. Il me parlait. J’aurai aimé l’écouter, peut-être comprendre d’où il venait, pourquoi il avait éveillé tant de ressentis chez moi mais à cet instant. Mon esprit hurlait à la démence, telle un homme enterré vivant qui se pétait les ongles à la surface de son cercueil pour qu’on le laisse sortir. C’était le sentiment que j’avais.
Puis je sentis la chaleur se déplaçait et le sol disparaître. Gardant les yeux clos, je sentais les bras du mineur autour de moi. Sa chaleur luttant sur le froid de ma peau comme pour me ramener dans ce monde qui était le sien. Il me parlait, me demandant de me calmer, de respirer. Les yeux couverts de larmes, je croisais les bras sur ma poitrine comme pour contenir les sifflements, les sanglots de douleur et de peur. J’avais peur de mourir. J’allais mourir ici ? Il ne me laisserait pas ? C’est ce qu’il venait de dire. Pourquoi je mourrais et lui non ? Je n’ai plus ces poumons de condamnée. Je n’avais plus rien de ça. Lâchant parfois des quintes de toux, alors que le bercement des pas de l’homme calmait vaguement le sentiment d’être enfermé. Je tentais de l’écouter.

Un endroit que j’aimais ? Je posais ma main glacée sur l’avant-bras le plus proche, cherchant sa chaleur comme pour me rassurer que rien de tout cela n’était réel. Il faisait chaud au centre de la terre et pas froid. Chaud comme ces journées où je m’allonge dans le jardin au fond de ma demeure, sous le Soleil, savourant d’être réchauffée au fin fond de mon être. Je tremblais, je me sentais frissonner par les quintes de toux, et sous mes doigts se dresser une toile familière. Une peau lisse aux aspérités si définies. Des entailles, des boursoufflures, des renfoncements si distincts que je me rappelais le toucher de certaines. Et encore une fois par-dessus la démence ce sentiment si particulier.

Le sentiment qu’on a tenté d’enfouir au fin fond de son âme. Un sentiment de déjà-vu qui permet à la logique de revenir, d’écarter la peur et de l’enfermer de nouveau. Petit à petit en l’appâtant vers cette appréhension vers qui pourrait être Yilmaz. Je n’avais pas ouvert les yeux, la peur m’oppressant toujours. Aspirant l’air doucement, par fragment, cependant quelque chose m’éloignait de pensée à un endroit aimé. C’était ce touché unique. L’avant-bras balafré.

Je n’avais eu que peu de contact avec la gente masculine dans ma vie. Surtout des contacts aussi précis, aussi unique dans ma vie. Quelque chose au fond de mon être demandait de ne pas y croire que ça ne pouvait pas être la personne que je pensais. Bien trop lointaine, qu’il valait mieux éviter pour ne pas être prise au dépourvu. De ne pas espérer non plus. Mais la logique se mettait à régner sur le sentiment ressenti.
Je suivais une cicatrice plus longue que les autres d’un frôlement du doigt, gardant le silence. J’avais eu des contacts avec si peu de gens, ça ne pouvait pas être lui. Impossible. Pourtant l’image qui s’imposait à moi, éclatait la cicatrice fine de l’adolescente hospitalisée qui s’était tue. L’espoir qui en découlait venait presque à me paralyser. Cela ne pouvait être lui. C’était forcément un tour de mon esprit quant à l’homme que je pensais qu’il était. Cela ne pouvait pas être lui. Impossible.

La poitrine serrée, serrée de ma panique de l’endroit, me comprimait et empêchait mon esprit curieux de ne formuler à la hâte ce que je me demandais être la vérité. Cependant je sentais au fond de mon ventre naître ce sentiment si unique, que je n’avais que si peu ressentis dans ma vie. Ce que certains appelaient papillons et que je finissais toujours par traduire par peur, inquiétude, appréhension mais le pire d’entre tous : espoir.

Les yeux clos, je n’osais même pas ouvrir pour ne pas céder à la panique, pour ne pas lâcher ce sentiment qui naissait également en moi. Pour ne pas craquer si il me disait que non, j’avais tort. De toute manière, je ne pouvais qu’avoir tort, non ? Pourtant, j’étais certaine que si le monde avait voulu me jouer un mauvais tour ça serait à cet instant précis. Avec les bras forts et balafrés de cet homme qui avait tout de lui. Si ce n’est ses yeux.

Une larme coula le long de ma joue, je la savais plus sentimentale que le reste, plus lourde de sens et de secrets que je ne l’avouerai bien jamais. Lourde de ses secrets d’enfants qui en avaient vu trop disparaître et ne jamais revenir. Aussi bien accueilli par la mort que la vie. Je ne savais plus trop ce qui m’empêchait de respirer correctement : la claustrophobie ou l’espoir ?

Parce qu’une chose était certaine, c’était qu’à cet instant précis, mon doute se levait petit à petit sur l’identité du jeune homme. Car je ne pouvais pas me tromper, n’est-ce pas ? C’est bien, toi.


Caleb Yilmaz
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Caleb Yilmaz
Jeu 7 Fév - 12:00
RIEN N'EST PLUS VIVANT QU'UN SOUVENIR

Tremblante, à bout de souffle, elle se blottit dans mes bras, seul rempart face au monde et a la souffrance qui l'assaillait. Je la sentais fébrile contre mon corps, froide, pâle. L'idée qu'elle finisse par suffoquer trop longtemps et y rester me traverser l'esprit une seconde. Une pointe d'angoisse me fait accélérer le pas vers le fond de la mine pour rejoindre l'autre extrémité du tunnel.
Ça n'arrivera pas. Tout ira bien.
Mon regard reste accroché à l'obscurité environnante, guettant la moindre pierre, le moindre rebord pointu en prenant garde à ne pas brusquer la jeune femme, ne pas la froisser plus qu'elle ne l'était en lui rappelant la proximité étroite des murs qui nous entouraient. Je ne sais pas si le son de ma voix a réussit à l'apaiser. Elle n'a pas répondu, elle reste dans mes bras, presque inerte. Seule sa respiration sifflante et les larmes trempant mon débardeur me rassurent un minimum sur son état. Au moins elle respire. Encore un petit effort et on y arrivera.
Focaliser sur le bout du tunnel, je frissonne de surprise au contact de sa main. Un geste que je n'attendais pas au vu de son état. Je sens ses doigts glisser le long de mes cicatrices, le contacte contre ma peau est plutôt apaisant. Ces marques sont étrangement sensibles même après toutes ces années, son geste quant à lui, m'est plutôt familier. Parce que toutes les personnes proches de moi ont fini par se laisser tenter un jour ou l'autre. Une envie irrésistible de glisser le long des traces qui marquent ma peau. Je n'aime pas spécialement ça quand ça vient d'inconnu, mais quelque chose me dit qu'elle ne l'est peut être pas tant que ça. Les gens proches de moi ça se compte sur les doigts de la main.
Alors c'est qui cette fille ?
La couleur de feu de ses cheveux, le foulard fleurit, ce geste mécanique et l'odeur stérile et aseptisé que m'évoque son sifflement, tout finit par s'assembler dans mon esprit. Détails par détails. C'est comme si le voile qui manquait mes souvenirs venait de se lever pour révéler le tableau en entier. Jusqu'ici je n'ai eu que des brides de ce tableau, quelques images, quelques sons, des souvenirs flous, maintenant que je le vois, je crois que je sais qui elle est.
L’hôpital, il y'a une éternité.
Quand mon monde s'est brisé, quand j'y ai perdu plus que la vue. La souffrance de ces moments refait surface lentement, une boule d'angoisse se loge dans ma gorge quelques secondes. C'est pas le moment d'être nostalgique ou quoi que ce soit de sentimental de ce genre-là. Je reprends mes esprits rapidement pour nous sortir des entrailles de ces galeries dans lesquelles on s'est engouffré. On y arrive lentement, le bout du tunnel. Une vague de soulagement accompagne mes derniers efforts. Devant moi s'ouvre le cœur de la montagne. C'est comme être au centre d'un grand dôme de pierre. On ne voit pas les étoiles, on ne sent pas le vent frais, mais au moins les parois de roches sont suffisamment loin de nous désormais. Je m'approche des grands spots de lumières pour les allumer d'un geste de la main. La caverne s'éclaire de mille feu, les rayons se reflètent sur les pierres scintillantes jonchant la roche qui nous entoure, un spectacle qu'on ne voit certainement pas tout les jours.
« On est arrivé.. Regarde, y'a plus de raison de paniquer là. »
Elle peut respirer. Il n'y a plus rien à porté d'elle pour l’oppresser, c'est même tellement grand que ma voix fait écho. Lentement, je la dépose au sol, gardant mes bras autour d'elle au cas où elle s'écroulerait sous l’émotion. On ne se remet pas de ce genre de terreur en un claquement de doigts. Alors je reste là encore quelques secondes, laissant de nouveau le silence glisser entre nous et ses sanglots discrets. Je ne sais pas si je me suis montré à la hauteur de la situation, mais j'ai fait de mon mieux, même si c'est pas grand chose.
Une petite voix me chuchote qu'il vaudrait mieux continuer à lui parler, lui avouer la vérité puisqu'elle aussi semblait troublée par mon souvenir. Alors, lentement, je m'écarte un peu, réalisant que c'est la première fois que je vois réellement son visage. Je n'ai de souvenir que sa voix et son rire, c'est peut être pour ça que je n'arrivais pas à comprendre pourquoi elle m'était si familière.
Parce que je ne l'avais jamais réellement vu.
Maintenant je vois.
« Tu sais.. Je crois que j'ai trouvé... d’où je te connais. »
C'est presque une certitude maintenant. J'assemble les souvenirs de cette périodes, les mêmes que j'avais enterrés bien des années avant. La jeune fille rousse un peu trop curieuse. C'est comme si j'entendais encore le souffle de son appareil à oxygène, comme si je sentais encore le parfum des draps propres et aseptisé. Tout me revient lentement. Tout, même un nom.
« Tu t’appelles.. Keridwen.. c'est ça ? »

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Keridwen Caldin
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Jeu 7 Fév - 19:24

YILMAZ
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「 Rien n'est plus vivant qu'un souvenir. 」

Je le savais au fond. C’était peut-être pour ça que je n’avais pas hurlé de peur quand il m’avait surpris dans l’allée, que sa démarche et cet air sur son visage m’avaient évoqués des souvenirs. Je le savais au fond de moi. Peut-être depuis le début, mais mon cerveau n’avait pas voulu écouter la logique. J’avais peut-être eu peur. Peur de me dire que c’était lui et il avait fallu que la Terreur vienne prendre le dessus pour que tout ceci semble bien diminuer. Je ne sais pas combien de temps, j’étais restée prostrée dans ses bras, telle une poupée sans vie. A siffler, les larmes de douleur dévalant mes joues. Cependant, il ne me lâcha pas un instant, me resserrant contre lui pour ne pas casser la brindille que j’étais. Et tous ses gestes ne faisaient que confirmer ce que je savais maintenant. Ça ne pouvait qu’être que lui.

Un nouveau ? Aux soins intensifs ? Je regardais sceptique Hana. Elle disait qu’un garçon un peu plus vieux que moi venait d’arriver. Qu’il ne parlait pas vraiment à personne et que je pourrais peut-être lui tenir compagnie. Laissant mon livre, je bondis hors de mon lit, attrapant ma roulotte à oxygène avant de m’élancer vers la fameuse chambre. Il était grand. Beaucoup plus grand. Et mignon. Est-ce que j’avais des goûts étranges alors qu’il avait la moitié du visage enseveli sous des bandages ? J’en savais trop rien. Peut-être que c’était le début de l’adolescence qui faisait ça. Je l’observai un moment comme ça de l’autre côté du couloir, sur un siège, griffonnant dans mon carnet le premier souvenir de lui. Pas assez courageuse pour l’instant et lui parler.

Je sentis le sol sous mes fesses et toujours ses bras qui me tenaient. Sa voix était calme, il me disait que je pouvais ouvrir les yeux. Ouvrir les yeux sur toi ? Alors que je savais maintenant ? Pour que je sente ce que j’avais dissimulé, il y a des années peut-être se réveiller pour me rendre gênée ? La respiration sifflait toujours mais avait commencé à se calmer, j’ouvris les yeux sur mes doigts, ceux sur ma poitrine, mon autre main toujours sur cette cicatrice qui avait tout relancé dans mon esprit.

« Monsieur Yilmaz, laissez-moi faire vos bandages ! »

Je grimaçai à la voix d’Hana en colère, alors que j’étais assise sur le pan du lit non occupé, observant la scène. Hana était surchargée dernièrement et ça n’allait pas avec son petit garçon à la maison. Elle s’énervait facilement, je soupirais doucement. Avant de tousser un peu, poussant la main de l’infirmière. J’attrapais le bras du blessé.

« C’est Keri. Je vais m’occuper de toi maintenant. »

Pourquoi ? Peut-être parce qu’il me plaisait bien, parce qu’il était taciturne mais de bonne compagnie. Que ma maladie ne le gênât pas, sauf quand je faisais une crise et qu’il paniquait un peu, en appuyant sur les boutons tout autour de lui pour appeler les infirmières parce qu’il ne savait pas où j’étais. Il ne dit rien, laissant ses plaies à mes soins. Et je savais qu’une entaille venait de s’ouvrir en moi. J’avais été touchée au plus profond de mon être par ce garçon et je n’allais peut-être pas m’en remettre. Je crois que c’est certainement aussi ce qui me marqua le plus, ça et le fait qu’il ne voyait pas la brindille de gamine que j’étais.


Je savais qu’on était que tous les deux, et pourtant, je crois que me redresser lentement pour l’observer me demanda bien plus de courage que d’ouvrir les yeux. Cependant les minerais attirèrent mon attention de gamine perdue, écarquillant mes yeux rougis par la douleur et les larmes. J’observai alors le mineur sur ce fond magnifique. Les mains tremblantes, alors qu’ils prononçaient ces quelques mots qui me rappelaient tant de choses. Il m’observait, comme il n’avait jamais fait. Comme il n’avait jamais pu le faire auparavant. Je me sentis un peu gênée, je n’avais pas l’habitude que l’on me fixe. Que l’on me regarde tout court, je n’étais pas la fille canon, ou sensationnelle. J’étais une brindille qui s’enflammait parfois à l’amour incertain de la vie.

Je devais être honnête, je le dévisageais également. Comme si je cherchais cette confirmation à ce que je savais déjà, je sentis l’adolescente de treize ans au fond de moi pantoise car c’était bien lui. Le premier béguin de ma vie, le garçon qui avait fait comprendre ce qu’on était con étant jeune. Et il fallait que tu aies les yeux dorés comme Docteur Di Alestra. Ah, ironie du sort quand tu nous tiens…

Quand il prononça mon prénom, je remontais mes mains tremblantes devant mes yeux embués de larmes par la peur, par l’insensé de cette situation. Je chassais du bout de mes doigts si fins les quelques gouttes salines, avant de lui sourire. Un de mes immenses sourires d’enfants. Oui, c’était moi.

« APPELLE MOI KERI COMME TOUT LE MONDE »

J’avais croisé les bras, déjà essoufflée d’avoir haussé le ton, mais au fond, je crois que j’aimais bien que lui m’appelle Keridwen. Ça sonnait bien avec sa voix de garçon plus vieux que moi.


J’étais à genoux devant lui, tremblante, alors que je tendais les mains vers son visage, effleurant les contours de ce visage qui avait pris dix années, et sûrement bien plus de coups que je ne pouvais compter. Vu des choses de son regard bionique, car oui… Il était aveugle, je ramenais mes mains sur ses yeux comme pour lui obstruer la vue. Je ne faisais que l’effleurer, n’osant pas plus. Avant de ne caresser qu’à peine la cicatrice que j’avais tant pris soin pour que la boursouflure disparaisse… La barbe qu’il n’avait pas, j’eus un sourire.

« C’est toi… »

J’avais de nouveau les larmes aux yeux, comme une enfant surprise. Perdue momentanément, avant de retirer mes mains glacées, me rendant compte de mon comportement étrange. Je regardais mes mains avant de grimacer, réalisant combien je devais paraître à côté de la plaque devant lui. L’adolescente eut honte, la jeune femme perdue, redressa un peu la tête, avant de sourire.

« Keridwen pour toi, ça passe. »

J’eus un petit rire, grimaçant à ma poitrine douloureuse. Il n’était plus le gamin aveugle pour lequel, j’avais craqué. Il était un homme aux yeux Soleil comme ceux du borgne dont j’avais un crush en secret. Je devais avouer que cela était encore plus perturbant, que les deux puissent avoir cette ressemblance au-delà de ça. Instinctivement, je ramenais ma natte à l’avant, vers ma poitrine si peu volumineuse, avant de redresser avec un petit rire, cherchant quelque chose à dire et ne pas céder à l’émotion. Ne pas le serrer dans mes bras alors que peut-être pour lui ce n’était pas comme ça de son côté. J’eus juste un petit sourire en coin, un peu triste de l’adolescente éprise de l’inconnu.

« Je t’ai jamais vraiment oublié, tu sais. T’as toujours été avec moi, tous les jours, Caleb. »

« Ça t’ira mieux qu’à moi. »

Je regardais le joli ruban que Caleb me tendait en ma direction qu’il devait deviner vaguement, j’avais tendu la main, et attrapait le cadeau. Il était en bon état, il en prenait soin. Je ne dis rien, fixant le ruban, me rappelant les conditions de son arrivée, avant de le ramener à ma poitrine avec un sourire. Je retirai le masque à oxygène en murmurant un « Merci » dans un souffle alors que je plantai un baiser sur sa joue. Le premier que je pus offrir. Le seul.


Je me cachais derrière la pointe de ma tresse, laissant mon sourire toujours apparaître. Le monde était-il toujours aussi incroyable ?

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Lun 11 Fév - 12:43
RIEN N'EST PLUS VIVANT QU'UN SOUVENIR

Le trouble se dissipe lentement.
Elle se redresse, ouvre les yeux pour sortir de son cauchemar éveillé, ici, elle ne craint plus rien. Son regard est d'abord attiré par le scintillement des pierres, un ciel d'étoiles des centaines de mètres sous terre, je peux lui pardonner de ne pas faire attention à mon trouble même si je mourrais intérieurement de savoir si c'est bien elle qui rôde dans mes souvenirs. Mettre enfin un vrai visage sur ce nom, une parti de ma vie depuis longtemps oublié. Toujours fébrile, son visage reprend un peu de couleurs, ses mains glissent le long de ses joues pour en chasser les quelques larmes qui ruissellent lentement. Elle pleure. D'émotions, de soulagement, peut être un peu trop choses en trop peu de temps. Y'a des moments comme ça ou la vie nous bouscule sans qu'on s'y attende. Je lui rends un sourire, le premier depuis longtemps, en y réfléchissant, je ne suis pas certain qu'elle l'ai déjà vu avant.
À cette époque.
Quand tout était parti en éclat. Les yeux et le cœur mutilé, je crois pas me souvenir avoir beaucoup souri, je me souviens de pas grand chose d'autre que la peine, la douleurs et la colère. Mais cette gamine à la tignasse de feu, je crois qu'elle avait réussi à me tirer autre chose que de la morosité et du chagrin. Plus jeune que moi, déjà plus courageuse, elle me tenais compagnie quand j'en demandais pas, elle me racontait sa vie quand je restais silencieux et elle changeais mes bandages quand je voulait pas qu'on me touche. À croire qu'elle a toujours su ce qui me fallait sans même que j'ai à le formuler. Le seul souvenir à peu prêt agréable de cette époque. Je me souviens maintenant.
Je lui ai offert ce ruban que je croyais perdu. Un geste pour la remercier de ce qu'elle avait fait sans vraiment le savoir. Puis ça lui allait mieux qu'à moi de toute façon. Elle l'a gardé tout ce temps, je le réalise maintenant. L'ado que j'étais n'avait pas vraiment envisagé qu'elle le conserve aussi précieusement. Ce n'était qu'un ruban offert par un gamin de passage... Une part de moi ne peu s’empêcher pas de trouver le geste touchant. Moi qui passe mon temps à négliger tout le monde, à oublier les gens qui me sont proches. À fuir mes sentiments. Voilà qu'elle débarque avec cette relique, avec ce sourire et l’aveu qu'elle ne m'avait pas oublié, que j'ai toujours été un peu avec elle.
Je me sens un peu mal de ne pas m'être souvenu d'elle mieux que ça. Gêné qu'elle y ai accordé autant d'importance, une part de moi se dit que c'est pas mérité, pourtant elle est si sincère et candide que j'ai l'impression d'être retourné dix ans en arrière. Planté là en face de son sourire, un air con sur le visage et les joues rosies par le baisé qu'elle y a laissé.
La tout de suite, c'est un peu la même chose.
C'est peut-être même pire. Plus tellement habitué à ce genre de réactions spontané, ces preuves d'attention sortie de nul part qui me percute avec tellement de sincérité et de douceur que je sais même plus ce qu'une personne normale est supposé faire.
Alors je reste là à la regarder, essayant d’aligner quelques mots pour en faire des compliments pas trop merdiques.
« C'est gentil. Je ne pensais pas que tu te souviendrais.. c'était y'a longtemps..  »
Niveau compliments, on repassera. Je me surprends à trouver ma réponse beaucoup trop froide, ce qui n'est pas inhabituel en sois, surtout de ma part, mais là, dans cette situation, ça n’emmerde un peu. Elle mérite quand même mieux que ça.
Je me racle la gorge, me redresse un peu en essayant de chasser le gêne et de reperdre sur un ton peu être un peu plus chaleureux en glissant un sourire en coin sur mes lèvres.
« J'veux dire, je pensais pas que ça t'avais marqué.. Ou que tu garderais mon cadeau aussi soigneusement... »
Est ce que c'est mieux ? Pas tellement. Mon regard accroche quelques secondes vers le sol, affligé par mon propre comportement. Je soupire un peu, passe une main sur ma nuque en tournant finalement le regard vers elle en espérant qu'elle ne fasse pas trop attention à la maladresse de mes mots. Mes yeux scrutent le moindre détail de son visage pour le graver dans ma mémoire.
Une fois de plus ça fait pas de mal.
Son menton droit. Ses lèvres fines, roses, bien dessinées quoi qu'un peu abîmées par l'air sec de la mine. Ses joues, rehaussées par son sourire, quelques taches de rousseurs ci et là parsemant sa peau blanche. Ses grands yeux fauves, la couleur d'or bordant son centre, les teintes chaudes qui s'étirent tout autour en une multitude de stries. Chacune des couleurs se dégradant lentement vers l’extérieur dans une nuance plus rouge.
La vision que j'en ai est toujours sublime mais cette fois c'est au-delà de ça. Je pouvais passer des heures à observer chaque petit détail des yeux des gens. Comme à chaque fois je me perds dans ma contemplation, oubliant qu'en face elle n'a que la vision d'un mec qui la fixe sans bouger, sans rien dire. Je me rends compte de ce détail après coup, peut être même trop tard, le malaise est déjà là...
« .. Hum.. Excuse moi.. je me suis... »
Perdu dans ton regard ? C'est la vérité, mais c'est aussi un peu étrange à entendre alors je tais la fin de ma phrase en toussant légèrement comme si ça pouvait chasser cet instant un peu malaisant.

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Keridwen Caldin
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Lun 11 Fév - 18:40

YILMAZ
Caleb

CALDIN
Keridwen

「 Rien n'est plus vivant qu'un souvenir. 」

Sa peau est chaude, je le sens à ces quelques millimètres qui séparent mon épiderme de la sienne, je continuais de sourire à l’écouter, chercher les quelques mots qu’ils essayaient de traduire, les mains prêtes à le toucher, sur mes genoux à le fixer. J’avais peur qu’il s’envole, que ce n’était qu’une de mes fantaisies d’adolescente insatisfaite. Je n’avais pas envie de bouger. Non, pas maintenant. Il fallait que je me rappelle, absolument pour toujours de ce moment. Comme si on venait d’attraper un de mes vieux souhaits de jeune fille pour le rendre vrai, et j’avais peur qu’il ne s’envole à chaque instant. Je scrutai son regard d’or comme je l’avais rarement fait, j’adorais cette couleur, et je le sentais me fixer de la même manière. Je crois que je n’avais pas réellement répondue à ces phrases, à part la pensée indiscrète qui m’avait échappée.

« Je crois que ça m’aurait été difficile de t’oublier… »

Je ne l’avais pas prononcée très fort, ça j’en étais certaine, peut-être un murmure alors que mes doigts retrouvaient avec un plaisir silencieux, cette sensation de survol de sa peau. Je retenais mon souffle, ne me rendant pas réellement compte de ce qu’il se passait à l’heure actuelle. Il y avait juste Caleb que je redécouvrais, non pas en tant qu’adolescente mourante mais en tant que jeune femme active.

Je sentais son regard soutenir le mien, m’empêchant de me détacher réellement de lui. Je n’osais plus bouger, avais-je seulement l’envie ? Cependant il reprit contenance avant moi, et je clignai des yeux, perdue également. Dans ces yeux si proches du Soleil. J’inspirai alors qu’il terminait sa phrase, dissimulant sa gêne, alors que je sentis le frisson me prendre. J’avais eu le souffle coupé.

« Tu ne seras plus jamais à bout de souffle. »

La rougeur survint aussitôt éclairant mon visage, alors que je repliais de nouveau mes doigts inquisiteurs sur son visage, j’étais en train de mourir de gêne. Je m’étais laissée aller à ce moment où j’avais découvert de nouveau le premier être qui avait rendu mon cœur fébrile. J’étais écarlate, le fixant, sentant le moment silencieux qui allait suivre. Cependant, je sentais l’enfant au fond de moi, courir partout.

Que faire ? Que dire ? Avoir le souffle coupé, moi ? Comment était-ce possible ? Je me rassis lentement sur mes fesses, quittant cette proximité un peu oppressante subitement et si étrange. J’avais beau avoir soigné bien nombre de ses blessures, je n’étais pas une personne « proche » désormais, non ? L’idée ne me plaisait pas beaucoup. Je m’assis avant de lâcher un mot.

« Merci. »

Politesse. Encore une fois, merci d’être là, décidément bien trop souvent prise à court par Caleb. J’avais baissé un peu les yeux, sentant encore mes joues rouges, et mes oreilles brûlées de gêne. Je frottais doucement ma poitrine pour chasser les vestiges de la douleur. Cela prendrait du temps. Mais ça devrait faire l’affaire. Il fallait tout d’abord que je me calme. Pourtant, je relevais la tête vers son visage, voulant encore l’observer silencieusement comme j’avais pu le faire parfois dans sa chambre à l’hôpital ou quand je l'aidais à sortir un peu pour faire une balade.

Merci pour quoi d’ailleurs ? Pour m’avoir sauvé dans ce couloir ? Pour être toi ? Pour m’avoir reconnue ? Pour cette phrase que tu as essayé de dire ? D’avouer que toi aussi, tu venais d’être perturbé ? Je lui adressais un sourire, un peu idiot, simple. Comme pour le rassurer que tout irait bien, et pourtant mes doigts me démangeait de toucher encore l’avant-bras pour être sûre que je ne rêvais pas. C’était dur d’y croire.

La vie à l’hôpital faisait qu’on évitait de s’attacher à trop de gens, surtout quand tu y as passé toute ta vie. Et que tu as probablement vu autant de morts que de soignés. Pourtant Caleb avait été ce garçon, charmant, qui avait capturé toute mon attention. Parce qu’il n’était pas comme les autres. C’était un blessé. Un écorché de la vie. Vie que je ne pouvais pas avoir, et pourtant, il y avait cette tristesse silencieuse qui l’habitait.

Caleb était un cas à part. Le mien. Ça arrivait à tous les hospitalisés, une personne qui ressortait du lot. Et pour moi, ça avait été ce garçon aveugle de 17 ans qui m’avait fait tant craquer. Je mordis le coin intérieur de ma lèvre, avant de me décider de parler. Il fallait que je trouve quelque chose de con à dire, simple. L’aider à ne plus penser à ça même si cette situation m’avait fait étrange, je ne savais pas réellement comment définir ça.

« Je suis contente de te revoir… »

Je ne l’avais pas déjà dit ? Parce qu’il me semble que jusque là c’était assez clair vu mon comportement chelou, je restais assise face à lui, de mon petit mètre soixante, sur les fesses à le regarder avec mes grands yeux, l’observant sur ce fond d’étoiles minérales.

« C’était, il y a beaucoup trop de vies… »

C’était mon expression ça, comme si j’étais un chat qui avait eu tant à vivre. Et qui avait laissé quelques plumes par ci par là. En l’occurrence, je pense que cette phrase s’adaptait à lui aussi. J’allais devoir certainement appeler Azel. Mon cœur ne se remettra jamais de cette descente dans les entrailles de la terre.

Caleb Yilmaz
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Mer 13 Fév - 12:02
RIEN N'EST PLUS VIVANT QU'UN SOUVENIR

Ce moment est plus gênant que je ne l'aurais souhaité.
Elle finit par rougir, embarrassée par la situation plus qu'étrange qui venait de se produire. Entre notre périple à travers le tunnel étroit et la prise de conscience.. Ça commençait à faire beaucoup. Je me suis peut-être un peu laissé emporter. Comme tout ce qui touchait de prêt ou de loin à mon passé, ça me hante malgré moi. J'ai ce besoin de réponses constant, même si je m’efforce de me convaincre que c'est derrière moi, comme ces cicatrices sur mon corps, rien ne dissipait vraiment.
Alors, quand un souvenir ressurgit brusquement du passé, j'ai tendance à m'y accrocher. Accrocher son regard, déterrer les images et les sensations de ces moments passés ensemble. Avec le temps, la douleur est plus douce, plus tolérable. Même un peu amer, ces souvenirs sont agréable. Elle était la seule chose à peu prêt réjouissante dans cette période de ma vie. La seule chose qui m'arrachait l'esquisse d'un sourire quand plus rien n'allait, quand tout s'est effondré.
La retrouver ici, maintenant, c'est évident que ça me trouble, mais j'aurais aimé faire preuve d'un peu plus de retenue et de ne pas céder à l'émotion en m'embourbant dans une situation devenue plus que gênante depuis déjà trop de secondes.
La seule chose à peu prét rassurante c'est qu'elle est au moins aussi troublé que moi. Ses doigts sur ma peau, l'envie de les glisser encore sur mes cicatrices, retenant son geste, rougissant encore en marmonnant des mots sincère quoi qu'un peu timide. Clairement y'en a pas un pour rattraper l'autre, c'est con, mais ça me fait sourire. Encore un sourire alors que je la fixais sans ciller il y'a à peine trois secondes. Vraiment, je crois que j'aurais aimé que quelqu'un m'en mette une pour me remettre les idées en place et trouver quelque chose à lui dire d'un peu plus construit que trois politesses qui se courent après. Elle mérite quand même mieux que ça même si la surprise me prend de court.
Mais c'est toujours compliqué pour moi les retrouvailles, surtout dix ans après.
« Ouais .. c'était ... y'a une éternité.. »
La gêne dans sa voix me rappelle la mienne. C'est pas la première fois que je vois un fantôme du passer ressurgir de nul part sans crier gare, pourtant, c'est la première fois que je vois cet éclat au fond d'un regard. Pas l'ombre d'une déception ou d'un reproche, pas de tristesse ou de rancœur. Peut-être parce qu'on s'était dit « Au revoir » avant de se quitter, que je n'ai simplement pas disparu du jours au lentement. Parce qu'elle allait finir sa vie dans cet hôpital quand moi j'allais bousiller la mienne dehors, on s'est quitté sans se promettre de se revoir. Quand j'y pense, c'est peut-être pour cette raison qu'elle est simplement sincèrement contente de me voir, et que je suis bêtement troublé face à elle. Mais le passé est derrière nous. Maintenant elle est là, bien en vie, et ce n'est plus une gamine condamnée, mais une jeune femme pleine d'ambitions.
Il me faut quelques secondes pour vraiment réaliser que je n'avais toujours pas pris la peine de me relever ou même de la lâcher. Depuis combien de temps on est comme ça ? Comme si je réalisais soudainement la proximité presque intime entre nous, je me détache d'elle en essayant de ne pas m’excuser encore une fois.. Après tout, elle est restée là elle aussi.. Je me relève tout de même en raclant ma gorge et en chassant ce qui me restait de trouble et de gêne d'un mouvement de tête. C'est le moment de reprendre ses esprits.
« Donc... ça va mieux du coup? »
Pas spécialement délicat. Une façon un peu maladroite de changer de sujet ou d'éviter de m'enliser encore plus dans la gêne et les sentiments. C'est pas mon truc alors autant essayer de pas me ridiculiser jusqu'au bout. Heureusement que personne n'est là pour voir ça, même si j'imagine que les gardiens ont pris la peine de vérifier notre présence sur les caméras.. ça ne doit pas trop les intéresser.. Du moins, j'espère.
Planté en face d'elle, droit, tendu, gêné, je fais l'effort de ne pas prêter attention au rouge qui me montait au visage face à ce sentiment de malaise. Je détourne finalement mon regard d'elle, seule vrais manière de ne plus me focaliser sur son souvenir, et lui désigne une grosse machine de fer et d'acier de plus de trois mètres de haut et bien dix de large.
« .. La.. foreuse est là bas.. Dans le fond.. »
C'est le moment de revenir à la réalité, laisser les souvenirs s'endormir encore une fois jusqu'à ce que quelque chose vienne les secouer de nouveau.
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Mer 13 Fév - 19:19

YILMAZ
Caleb

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「 Rien n'est plus vivant qu'un souvenir. 」


Je ne sais pas réellement ce qui me perturba le plus à cet instant, le sourire qu’il m’adressa. Sincère en continuant de me fixer dans les yeux, sachant pertinemment que celui-là était on ne peut plus sincère. Que c’était son corps qui avait réagi avant qu’il ne réalise. Ou si ce fut sa voix. Il était aussi mal à l’aise que moi, et je savais combien c’était dur de prononcer ces pauvres petits mots alors qu’on ne sait plus comment réagir. Devais-je dire quelque chose ?
Puis il se redressa, comme ça, tel un courant d’air qui s’échappait et je me mis à réaliser. Qu’avais-je fait ? Je sentis mon ventre se dérober à l’instant même où sa main me quitta alors qu’il se tenait debout devant moi. Je me tétanisais, essayant de ne pas traduire mon malaise envahissant. Qu’avais-je fait ? Il me demanda si tout allait bien. Je souris.

« Oui, merci encore. »

Je baissais la tête, écarquillant les yeux fixant mes mains. Mais qu’avais-je fait ? Stupide, stupide. Je serrais des dents, si j’avais été seule, j’aurais probablement cogné lentement ma tête contre un mur ou mes mains en marmonnant combien j’avais été nulle et stupide. Oh mon dieu. Mais qu’avais-je fait ? Le malaise absolu. Naturellement, je tapotais mon front de mon index comme pour me sermonner avec un peu plus de silence. Je jetais un coup d’œil à Caleb, remarquant vaguement la couleur sur son visage alors qu’il détournait le regard de moi.

Je fis une grimace, une immense grimace alors qu’il ne me regardait plus. Ça aurait été peut-être comique pour quelqu’un qui regardait ça comme un show mais là j’étais en panique la plus totale. Laissez-moi me cacher au fin fond de cette mine et ne pas revenir de là. Au secours. Je baissais la tête, attrapant mon sac avant de regarder la direction qu’il m’indiquait.

Installant correctement la bandoulière sur mon épaule, je commençais à sortir deux-trois outils, je n’osais même plus vraiment regarder Caleb, mais je ne pense pas que c’était la bonne solution, clairement pas. Alors je me forçais un peu à relever la tête, et faire ce clin d’œil si confiant que je pouvais adresser à Azel.

« Je m’en occupe. »

Plus je m’avançais, plus l’odeur métallique venait envahir mes poumons bioniques. Ça me calmait un peu, m’évitant de me tuer mentalement de combien, j’avais aucun tact dans cette vie, que j’avais légèrement agis de manière très très bizarre. J’avais envie de frapper mon crâne contre quelque chose. Je laissais mes doigts glisser sur l’engin, un sourire sur les lèvres. C’était une sensation que je connaissais. Depuis ma descente ici, c’était le premier sentiment rassurant.

Je l’escaladais rapidement avant de m’attabler à mon travail. Je précisais calmement à Caleb que j’en aurais pour un moment, avant de me réfugier dans mon monde. Combien de temps ? Je ne sais pas exactement, je triturais les boutons et les différentes choses qui passaient sous mes doigts. Réglant la machine comme demandé, la bichonnant, lui parlant comme si elle était un être humain.

C’était plus facile, il n’y avait pas à blesser ici. Il n’y avait pas à savoir comment réagir avec une machine, tu faisais quelque chose de logique et elle te répondait de manière logique également, chaque commande avait un but. Les humains, ce n’étaient pas ça. Clairement pas ça. Je soupirais un moment, allongée sur le dos, la tête en bas alors que j’étais dans l’appareil à rebrancher plusieurs fils.

« Je suis vraiment un boulet. »

Honnêtement, je pus aussi bien passer trois heures sur cette machine que dix minutes, je sortis de la machine, en me contorsionnant, refermant le capot à l’arrière avant de souffler doucement avant d’attraper ma gourde d’eau, rinçant ma bouche. C’était assez intense comme métier. Je m’allongeais sur le dos, fixant les pierres lumineuses au-dessus de moi.

Pourquoi, j’étais toujours aussi chelou sans déconner ? Tu le retrouves dix ans après, et faut que tu agisses comme ça. Allô Keri, quelle connexion ne se fait pas dans ton crâne au juste ? C’est le manque d’oxygène qui te rend conne ou t’as un péage à l’entrée de ta tête ? J’amenais ma main gauche devant mes yeux avant de les frotter.

Cela ne servait à rien de ressasser ça, faisons les derniers tests et remontons. Je reniflais, appuyant sur quelques boutons pour voir la taupe métallique s’éveiller, et fonctionner parfaitement. Parfait, j’attrapais mon sac et le replacer sur mon épaule avant de me dresser sur le monstre métallique, cherchant mon guide des yeux. Retour à la surface ? En évitant d’être chelou sinon clairement il va me trouver bizarre pour le reste de ma vie.



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Ven 15 Fév - 11:54
RIEN N'EST PLUS VIVANT QU'UN SOUVENIR

Elle se relève également, le regard fuyant et les joues encore roses. Elle ajuste sa bandoulière pleine d'outils et reprend rapidement un sérieux professionnel. Tout comme moi, elle s'est égarée dans le trouble de l'instant, mais remet rapidement les pieds sur terre, ici maintenant, bien encré dans le présent. On est ici pour quelque chose à la base, et c'est pas pour se rappeler de bon souvenirs.
Le boulot doit être fait sinon je vais en entendre parler.
Comme si rien ne s'était passé, elle se dirigeait vers l'engin de fer pour y grimper avec agilité. Elle a l'air de savoir ce qu'elle fais. Les quelques doutes que j'avais quant à sa capacité à gérer le problème s'envolent assez rapidement en la voyant triturer les câbles et différents composant de la machine. Je crois que si j'avais dû imaginé un avenir pour cette petite rouquine à l’hôpital, j'aurais certainement pas choisi mécano. Mais quelque part ça lui va bien, je crois que j'ai quelques souvenirs d'elle en train de bidouiller des trucs.
Y'a rien à faire, même en voulant ne plus y penser, ça fini par me revenir quand même. C'est idiot de vouloir penser à autre chose. Tant qu'elle sera là je crois que je ne pourrais pas m’empêcher de dépoussiérer les vieux souvenir que j'ai enfoui quelque part dans ma tête. Je fais quelques pas pour m'éloigner de la foreuse, inspectant les alentours en espérant que ce soit assez distrayant pour occuper mon esprit distrait. Rien à faire, mon regard glisse vers elle encore une fois. Je suis quasiment certain de l'entendre chuchoter quelque chose. Parler à la machine ? Cette idée me fait sourire, comme quoi, certaines choses ne changent pas vraiment même après un bon paquet d'année.
Je continu de zoner autour de la machine, allumant une cigarette pour passer le temps et occuper mes mains. Mes yeux se perdent une seconde sur les pierres scintillantes tout autour de nous. Le calme de l'endroit à quelque chose de reposant. Je venais jamais dans la mine la nuit, personne n'a envie d'y foutre les pieds une fois la journée finit, pourtant, seul au milieu des entrailles de la terre, l'endroit change complètement de visage. Mes yeux détaillent chaque cristal incrusté au plafond, une harmonie de nuances et de scintillements. Par moment j’oublie que cette amélioration a aussi de bon coté.
La contemplation des constellations de pierres me font brièvement oublié Keri et ses souvenirs. A vrais dire c'est le bruit de la machine qui se met en route qui me ramène sur terre. La cigarette entre mes doigts s'est consumée sans que j'y touche. Combien de temps je suis resté à fixer le plafond au juste ? Comme tout ce que j'observe, je me perde un peu trop dans ma contemplation silencieuse. Au moins, cette fois, ce n'était pas quelqu'un.
Je reprends mes esprits et tourne la tête vers la foreuse qui s'illumine de tout part. Elle a réussit en moins de temps que je pensais. J'approche d'elle et de la machine, observant avec satisfaction le moteur ronronner lentement.
« T'es efficace en tout cas. »
Je la rejoins sur le monstre de fer, calant ce qui restait de cigarette entre mes lèvres pour effectuer quelques manœuvres simples. Marche avant, arrière, activer le forage et forcer un peu pour voir si ça tenait bon. La machine faisait un bruit d'enfer qui résonnait à travers les couloirs et les roches, brisant le calme de l'endroit. Un nuage de poussière s'en élève, signe qu'elle attaque correctement la roche.
« Je pense que c'est bon.. »
Je coupe les moteurs, cale la machine et descend en sautant au sol. Je dépoussière brièvement mes mains et jette un regard à Keridwen. La pauvre s'est mangée le nuage elle aussi. Ses cheveux de feu sont un peu ternis par un voile gris et elle en a jusque sur le bout du nez. C'est vrais que j'y pense plus vraiment vu que je travailles ici tout les jours, mais l'endroit est quand même hyper salissant.
« T'as .. Un peu de ... »
Je tends une main hésitante vers elle, désignant son visage avant de venir chasser l’amas de poussière accroché à quelques mèches de cheveux. En temps normal, personne ne fait attention à la saleté, mais en temps normal on est déjà pas mal crade en arrivant ici, ce qui n'est pas le cas de la demoiselle. Voyant que le dépoussiérage n'a pas grand effet, je retire ma main dans une expression un brin désolée, la fixant de nouveau du regard.
« Je crois que va falloir passer la douche pour enlever ça...»
Vus comme ça s'accroche de toute façon, y'a pas tellement d'autres solutions..

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Ven 15 Fév - 15:07

YILMAZ
Caleb

CALDIN
Keridwen

「 Rien n'est plus vivant qu'un souvenir. 」

Il était là, avec sa cigarette fixant ces étoiles que lui seul prenait le temps d’apprécier à cet instant et je ne sais pas pourquoi, je sentis le tiraillement familier dans mes doigts de vouloir immortaliser ce moment. Le dessiner, faire ressortir la mélancolie et l’émerveillement de ce regard d’adulte aux airs d’enfants. Il m’arracha un sourire tendre sans même que je ne m’en rende réellement compte, avant de me frotter le bras, un peu gênée de l’observer à la dérobée comme lorsque j’avais treize ans. Finalement le bruit avait attiré son attention, l’arrachant à sa contemplation alors qu’il s’approchait de moi.

Efficace ? Je lui décrochai un autre clin d’œil conscient. 100 % naturel celui-là, j’avais confiance en moi quand il s’agissait de réparer de vieux tacots. Puis une foreuse de ce genre, ce n’était pas tous les jours que je pouvais plonger dans ses entrailles.

« Aussi étonnant que ça puisse l’être, je suis plutôt douée dans mon boulot ! »

Je tirai la langue un peu taquine avant de le laisser me rejoindre sur la taupe métallique m’installant à un poste de sécurité alors qu’il commence à triturer la machine. Je ne sais pourquoi, mais comme bien souvent quand j’arrivais dans un endroit salissant, j’eus peur pour mon ruban, je glissais la bande blanche entre mes mains propres. A l’abri de toute cette poussière, laissant le mineur faire ses manœuvres.

C’était un réflexe, je n’étais pas très matérialiste mais le ruban faisait partie de mes trésors et je ne supportais pas qu’il soit sale ou quoique ce soit d’autres. Je le serrais entre mes mains fines, le protégeant de tout ce nuage de fumée, tentant de retenir ma respiration pour ne pas encrasser le métal de mes poumons sinon la révision allait être sacrément chiante.

Bon visiblement, j’avais fait du bon boulot. La foreuse ronronnait comme un chaton, prête à détruire la terre, que demandait le peuple ? J’adressais alors fière de moi un immense sourire à Caleb, la machine fonctionnait, j’avais réussi mon job. Et ça… Il fallait le reconnaître, je trouvais cela toujours hyper satisfaisant. J’étais tellement contente de moi que je souriais toujours alors que le jeune homme pointait mon visage. Je me mis alors à loucher, sans lâcher le ruban de mes mains. A l’abri. Je cherchais ce qu’il indiquait alors qu’il approcha sa main lentement, hésitant de moi.

Je relevais les yeux, questionnant silencieusement cette hésitation. Il n’y avait pas à hésiter avec moi, non ? J’avais été si étrange que ça plus tôt. Je fis une moue un peu triste de cette retenue qu’il avait envers moi, mais après dix ans c’était normal, non. Je ris doucement pour dissimuler cette vague de sentiment mal placé alors qu’il nettoyait mes cheveux.

« C’est toujours mieux que certaines machines avec le cambouis ! »

Il ôta sa main, me détaillant alors qu’il me parlait de douche. Malgré toute ma gêne et le contrôle, j’ai vingt-trois ans. Jamais eu de copains. Quand un garçon parle de douche. Le cerveau a légèrement un moment de trouble, où je viens à fixer la personne qui vient de parler de ça. Quelques secondes, rien de bien transcendant ni honteux, mais quand en plus c’est ton crush secret d’il y a dix ans. Ton cerveau croit que c’est la fête, et arrête de fonctionner. Dans mon cas, ce n’était plus le cerveau qui parlait, mais probablement l’inconscient. Je reluquais Caleb alors que je baissais la fermeture éclair de ma combinaison lentement jusqu’au milieu de ma poitrine.

« Va falloir y rester un moment alors. »

J’haussais rapidement des sourcils, laissant un fin sourire taquin planait sur mes lèvres avant que mon cerveau ne reprenne en force les commandes. Je glissais ma natte dans ma combinaison avant de la refermer normalement. Je ne pus retenir un petit rire discret, léger, alors que je me détournais quelques temps de Caleb pour m’approcher des étoiles minérales. J’effleurai une d’entre elle, j’étais gênée mais l’inconscient m’avait couvert, j’observai le brun cherchant sa réaction.


Caleb Yilmaz
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Humain
Caleb Yilmaz
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Caleb Yilmaz
Lun 18 Fév - 11:03
RIEN N'EST PLUS VIVANT QU'UN SOUVENIR

Je crois que je m'inquiète pour rien, après tout, elle doit avoir l'habitude de se salir les mains. Entre le cambouis et la poussière noire de cette mine, je ne sais pas ce qui est le pire. La poussière à la fâcheuse habitude de coller à la sueur et de s’infiltrer partout. Mais si elle s'en fiche, ça fait ça de mois à s’inquiéter. Personnellement, j'ai hâte de remonter de là et de pouvoir mourir sous la douche. Sentiment qu'elle a l'air de partager en me fixant du regard.
C'est un peu étrange tout d'un coup où je rêve ?
Elle avait une expression différente, un léger sourire au coin des lèvres alors qu'elle descendait la fermeture de sa combinaison de travail. J'ai raté quelque chose ? Mon esprit fit le chemin inverse, cherchant ce qui manquait jusqu'à réalisé les propos que j'avais tenu quelques secondes avant. C'est vrais que mes mots étaient un peu ambiguë, qu'ils pouvaient passer pour une proposition pas vraiment subtile et plutôt déplacé.
Mais c'est pas du tout ce que je voulais dire en fait.
Planté là en train de buger sur la situation, j'ouvris la bouche avant de la refermer, ne sachant pas vraiment quoi dire puisque chaque phrase me venant à l'esprit ne fait qu'empirer la situation. Si elle prend ça pour une proposition et que je lui dis qu'elle se fait des film elle peut se vexer ou simplement penser que je me fous de sa gueule.. et si elle n'a pas pensé une seule seconde que c'était une proposition elle va trouver ça chelou que je me sente obligé de me justifier et de préciser ça.. sous-entendu que j'y ai pensé.
Bref. Je ferme ma gueule en essayant de chasser le trouble et la gêne dans mes yeux jusqu'à ce qu'elle se détourne de moi dans un petit rire. Est ce qu'elle est en train de se payer ma tête ? Franchement, y'aurait de quoi et c'est bien pour ça que je lui tiens en tiens pas rigueur même si je ne suis pas vraiment certain qu'elle se foute de moi. J'ai pas spécialement envie de me comporter en gros rustre avec elle, ce que j'aurais certainement fait avec la plupart des gens, mais là c'est différent. Parce qu'elle se souvient tout juste de moi, autant qu'elle en garde une bonne impression, et parce que je suis supposé la ramener à la surface en empruntant le même passage étroit et merdique que tout à l'heure, alors, autant que ça se fasse dans de bonnes conditions.
Elle observe les pierres, s'en approche même pour les toucher du bout du doigt, même moi qui ai l'habitude de ce genre de spectacle, je suis toujours assez émerveillé par la beauté de cet endroit, alors pour elle qui a passé la plupart de sa vie dans un hôpital, chaque petite chose doit être un émerveillement.
C'est pour ça que je m'en veux un peu de casser l'ambiance, alors, je la laisse contempler ça encore quelques secondes en l'observant sans un mot avant de me décider à venir la rejoindre en me grattant la gorge pour lui rappeler ma présence.
« Bon... Comme tout est en ordre, je pense qu'on peu remonter maintenant.. . »
Retourner à la surface, là ou l'air frais glace notre peau et ou le ciel scintille de mille étoiles, des vrai cette fois-ci. Mon regard se porte sur le tunnel quelques instant. Jusqu'ici elle avait peut-être occulté le fait qu'il allait falloir faire marche arrière pour sortir d'ici.. Mais on ne peu pas rester ici jusqu'à la fin de notre vie, au moins maintenant, je sais à quoi m'attendre, et elle est peut être un peu plus prête à affronter ses démons. J'espère que ce ne sera pas aussi galère cette fois-ci, mais je ne suis pas prêt à parier dessus.
Je reporte mon attention sur elle en l'observant toujours d'un œil attentif, bras croisés, prêt à faire des efforts pour que ça se passe bien même si j'ai aucune foutu idée de comment rendre ça plus facile.
« .. Tu te sens de marcher ou je te porte comme tout à l'heure ?.. Tu pourras fermer les yeux.. »
J'imagine que c'est pas trop mal comme solution. Je la regarde, un peu septique, mais prêt à faire ce qu'elle demande. Mine de rien je commence à fatigué et cette fois je me sens définitivement trop poisseux et crade pour endurer ça encore des heures.. Puis j'imagine qu'elle préfère rentrer chez elle plutôt que de se faire abandonner là..

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Keridwen Caldin
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Keridwen Caldin
Lun 18 Fév - 20:14

YILMAZ
Caleb

CALDIN
Keridwen

「 Rien n'est plus vivant qu'un souvenir. 」

J’étais gênée, je devais l’avouer. C’était dur de garder un semblant de sérieux après avoir taquiné le jeune homme, j’avais envie de m’engouffrer dans un de ces pulls beaucoup trop grand qui trônait au milieu de mon armoire. Me cachait, moi, mon corps fin et mes bêtises au milieu de cette chaleur. Il n’avait rien dit, simplement resté muet face à cette audace. Je l’avais observé à la dérobée avant d’observer les merveilles de cet endroit, j’avais envie de les dessiner, ou même rester un peu plus longtemps ici dans sa compagnie silencieuse. Etrangement la caverne ne me faisait pas peur, même si je préférais respirer l’air libre, c’était peut-être la magie de ces pierres lumineuses.

Je les touchais, mémorisant certaines aspérités afin de mieux les dessiner plus tard, alors que je savais que plus, j’avançais et plus j’allais devoir remonter là-haut. Par ce chemin, et je devais être honnête, je n’en avais foutrement pas envie. Il fallait que j’occulte mes sens sinon, j’allais peut-être péter un autre câble et celui-là risquait d’être plus violent.

Alors que je pouvais rester là, observer ce phénomène terrestre et discuter avec Caleb. Mais Caleb avait une demeure, et il aurait aimé rentrer. Bien sûr, il toussota, je me retournais dans un léger pas de danse avant de faire une grimace. Je le savais, l’escapade était courte. Je soupirais doucement, sortant ma bouteille d’eau avant d’en boire une gorgée comme si j’y cherchais le courage qui était en train de m’abandonner.

Je rangeais le tout, avant de me tourner vers le mineur. Bien sûr qu’il faisait attention à moi, il me proposait même de me porter. Je réfléchis avant de fouiller dans mon sac, des écouteurs et les branchaient sur mon téléphone.

« Je suis désolée de t’imposer ça. Mais fermez les yeux devrait aider… »

J’étais mal à l’aise, j’en rougissais même de demander indirectement qu’il me porte. Je baissais un peu la tête avant de lui proposer un peu perturbée.

« Mais après tu dois être fatigué ! Je peux marcher en fixant mes pieds, et sans bouger, je peux juste tenir ta main et t’écouter me parler ou on peut écouter de la musique. »

J’agitais l’appareil sous ses yeux, complètement mal à l’aise de lui demander ça. Je pense que cette option était préférable, non ? Je serrais mes mains glacées. Commençant à me mordiller la lèvre, en enfonçant ma tête dans mon col, comme si je pouvais ratatiner ma présence.

« Je suis désolée, Caleb… »

Je frottais mon nez avant de lui tendre l’oreillette, le fil était très long pour me permettre d’écouter de la musique quand je bossais. C’était un peu ma façon de m’excuser aussi ? J’étais pas très douée avec les mots pour pas dire : pas douée du tout. Ma main tremblait un peu, mal à l’aise de lui imposer ça. Une peine jusqu’au bout cette Keridwen.

« Je vais t’éviter de me porter. Eteindre ma lumière, et juste suivre tes pas… Ça évitera de t’encombrer et te fatiguer plus que nécessaire. »

Juste ne pas se rendre compte que le mur est proche, j’aurais qu’à fermer les yeux au pire. Et me concentrer sur la musique… Cela ne pouvait pas être si affreux, je resserrais mes doigts sur ma lanière avant d’avaler lentement ma salive.

J’éteignis ma lumière, prête à le suivre vers la surface, les yeux un peu effrayés, mais lui faisant certainement plus que confiance que ce qu’il devait attendre. J’annonçais alors d’une voix plus petite que ce que je ne pensais.

« Je suis prête. »

Je tendis ma main gauche glacée vers lui, toujours un peu tremblante et beaucoup trop bavarde mais j’étais anxieuse. Et j’étais certaine d’une chose que tout mon visage trahissait ma terreur qui allait envahir petit à petit mes sens, mais j’étais également certaine d’une chose, c’était que l’espoir que je portais en Caleb et sa main chaude étaie peut-être pas ce qu’il attendait à ce moment précis. Une confiance irraisonnée pour une des rares personnes à avoir quitté ma vie d’un commun accord. Une confiance à celui qui avait vaincu la logique et qui avait provoqué les premiers émois. Il est rare de faire autant confiance à quelqu’un, quelqu’un que l’on vient juste de rencontrer mais quand cette personne vous a côtoyé aux portes de la mort, vous relativisez subitement de tout. Même de la Terreur, et j’avais confiance en Caleb.

Caleb Yilmaz
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Caleb Yilmaz
Mar 19 Fév - 11:54
RIEN N'EST PLUS VIVANT QU'UN SOUVENIR

Elle essaie de prendre sur elle pour rendre ça moins compliqué.
C'est courageux. Ou Stupide. L'un étant rarement éloigné de l'autre de toute manière. Si je lui ai proposé mon aide c'est que ça ne me gêne pas. Mais je crois que je peux comprendre qu'elle n'ai pas envie de se montrer trop vulnérable, de prouver qu'elle pouvait gérer la situation et anticiper la crise avant qu'elle ne devienne ingérable. J’essaie de ne pas la mettre plus mal à l'aise qu'elle ne l'est déjà, argumentant toute seule comme pour se convaincre elle même que tout allait bien se passer alors que sa main tremblait déjà.
Marcher à coté de moi, éteindre sa lumière, elle a l'air de penser que ça suffira, que je n'ai pas besoin de la porter comme tout à l'heure. Elle pense réellement que la trimbaler dans mes bras va me fatiguer ? Je hausse un sourcil à ses remarques, l'esquisse d'un sourire au coin des lèvres quand j'attrape son écouteur. Je ne sais pas pourquoi mais je trouve ça assez attendrissant de la voir aussi attentionné même dans un moment pareil. Comme si j'avais besoin d'être ménagé alors que c'est elle qui risque une crise de panique. En tout cas elle a l'air déterminée.. Mais la petite lueur craintive au fond de son regard la trahit rapidement.
Elle a la trouille, c'est évident. Pourtant, elle veut se montrer forte.
C'est très bien de faire preuve de courage et de vouloir surmonter ce genre d'épreuves, mais si on a l'occasion de s'épargner des souffrances inutiles, autant en profiter non ?
Elle se tourne vers moi, lumière éteinte, écouteur dans l'oreille, elle tend une main vers moi, visiblement prête à partir. Les bras toujours croisés, j'observe sa main quelques secondes, jaugeant son niveau de stress et d'angoisse.
En vérité je sais même pas pourquoi je prends la peine d'hésiter, elle a l'air de me faire assez confiance, assez pour tenir ma main le long d'un tunnel infernal, seul rempart face à sa peur, seul aide face à l'angoisse. Quelque part c'est un peu flatteur, alors autant lui montrer qu'elle a pas tord de me faire confiance.
Je glisse ma main dans la sienne et la sert quelques secondes pour la réchauffer avant d'attirer la jeune fille prêt de moi pour l'attraper dans mes bras et la porter façon demoiselle en détresse sans même qu'elle ai eu son mot à dire.
« T'inquiètes Princesse, c'est pas tes dix kilos tout mouillés qui vont m’essouffler...»
Vu le gabarit de la jeune fille, c'est presque vexant qu'elle ne m'imagine pas capable de le faire! Franchement, c'est plus simple comme ça et puis après ce qui s'était passé, on est plus à ça prêt niveau truc étrange.
Elle aurait peut être préféré me prouver qu'elle était capable de le faire comme une grande mais elle a pas besoin de me prouver quoi que ce soit. Je suis certain que c'est une fille forte et débrouillarde et je me promets de lui laisser pleins d'occasions de me le prouver. Mais là, à cet instant, c'est sûrement mieux que je prenne les choses en mains le temps de la traversée. Un écouteur toujours dans l'oreille, je baisse les yeux vers elles en la défiant d'un sourire. Qu'elle essai de contester seulement. Si elle s'indigne, je la porterai en sac à patates sur l'épaule histoire de mettre fin à toute protestation. C'est le genre de truc qui marche assez.
« Puis t'as bien bossé, vois ça comme un bonus pour travail bien fait .. »
Je lui adresse un bref sourire avant de braquer mon regard sur l'obscurité du tunnel. Au moins ce sera rapide.
« On est parti ! »
Je m'engouffre dans le noir d'un pas décidé, rapide, régulier, l'avantage de mes yeux me permet de voir très distinctement ou je mets les pieds, sans lumière tout est noir autour de nous. Peut être que ce sera moins angoissant pour elle, ne pas voir les parois, s'imaginer être en pleine nuit et profiter de la musique dans ses oreilles.
Ce sera rapidement fini.
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Keridwen Caldin
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Keridwen Caldin
Mar 19 Fév - 22:23

YILMAZ
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「 Rien n'est plus vivant qu'un souvenir. 」

Je crois que je n’avais pas prévu ça, mais alors pas du tout. Dans ma tête, j’avais toujours la main tendue vers lui, tremblante. La Terreur qui essayait de manger petit à petit mon être, alors que je le fixais comme s’il pouvait me sauver. Et lui… Lui, il jouait au Chevalier. Il m’attira à lui me soulevant comme si je ne pesais rien. Je le regardais en écarquillant les yeux, surprise qu’il fasse ça. Avant de rougir, ce n’était pas prévu. Je sentis mon cœur bondir dans ma poitrine comme si mes côtes ne suffisaient plus à le contenir.

Mes yeux scrutaient Caleb en silence avant qu’il ne continue à avancer sûr de lui, à écouter ma musique un peu vieille que j’avais pris l’habitude d’écouter quand j’avais commencé à avoir peur. J’étais contre sa peau de nouveau, celle si douce et pourtant aux aspérités si particulières. Je glissais ma main sur son avant-bras, le temps de m’installer correctement avant de passer les mains derrière sa nuque pour lui permettre de me porter plus facilement. C’était comme ça qu’on faisait, je crois… ?

Je n’avais jamais été réellement trimballée comme ça de souvenirs, je ris doucement lorsqu’il déclara que c’était une compensation pour mon travail, m’installant au mieux avant de fermer les yeux, essayant de calmer cette pulsation cardiaque incontrôlable. J’avais une pulsion, douce à son égard, un élan de tendresse face à cet homme qui était prêt à me rassurer ainsi, je me redressais plantant un baiser sur un joue. Le genre incontrôlable d’une joie absurde, avant de me recaler contre lui. J’étais perturbée. J’étais complètement fucked up du cerveau en fait.

Je ne sais pourquoi, je continuais de sourire alors sentant la marche solide de Caleb commençait à me bercer, je respirais calmement évitant d’écouter la disparition de l’écho alors que je sentais que nous nous rapprochions de mon enfer personnel. Je ne sais pourquoi, je me sentais étrangement proche de Caleb comme ça. Peut-être parce qu’il entreprenait ce que peu de personnes avait faite pour moi.

Bercée par la musique, un peu douce, je me mis à bailler un peu. Cela m’arrivait parfois encore de fatiguer très très vite par rapport à la normale, l’inconvénient d’un corps qui avait toujours été malade. Toujours accrochée au cou du jeune homme, je lui demandais calmement.

« Il s’est passé quoi depuis l’hôpital ? »

Etrange ? Pas vraiment, non. La dernière fois que je l’ai vu, il était aveugle, silencieux et je supposais que je n’allais jamais le revoir, que j’allais mourir au milieu des mêmes murs blancs que j’avais côtoyé toute ma vie. J’étais peut-être aussi curieuse de savoir ce qu’il était devenu, qui il avait fréquenté. Et ça, ce n’était pas très bien Keridwen. Je fronçais des sourcils contre moi-même.

« Je ne veux pas te mettre mal à l’aise… C’est juste que personnellement, je n’avais jamais imaginé que je te reverrais un jour… Dans une mine. »

J’émis un léger rire. C’était un peu faux, j’avais envisagé de le revoir beaucoup de fois. Principalement dû à ce qu’il m’avait fait éprouver, puis parce que j’aurais été heureuse de le revoir, de fêter la vie avec lui. Simplement de revoir quelqu’un qui m’avait apporté de la joie dans ma vie blanche et stérile. Qui m’avait apporté bien plus de richesses sentimentales que n’importe qui à cette époque-là.

J’inspirais de nouveau calmement comme pour essayer de chasser le malaise possible qui viendrait à naître de cette conversion et des mes actes. Etais-je si étrange ? J’étais complètement à côté de mes baskets encore ? Je ne pouvais même pas savoir ce qu’il faisait, s’il continuait à regarder droit devant lui ? S’il m’avait jeté un regard perdu ? Rien, j’avais simplement agi sur un coup de tête comme ce baiser sur la joue, et je m’étais emmurée dans un monde où je ne voyais rien. Où les seuls sens qui m’aidaient étaient le toucher et l’ouïe.

Je devais honnête, cela mettait ma curiosité à rude épreuve. Je voulais scruter son visage, ses yeux et chacune de ses réactions, pour m’en rappeler, pour ne plus jamais l’oublier. Il était trop important pour ça, je pouvais très bien que c’était à une époque lointaine. Elle semblait désormais bien trop présente pour que je puisse me risquer à penser cela désormais. Caleb était important et je ne pouvais plus rien y faire.

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Caleb Yilmaz
Mer 20 Fév - 11:46
RIEN N'EST PLUS VIVANT QU'UN SOUVENIR

Pas de protestations de sa part. Elle finit même par se mettre plus à l'aise en se calant correctement contre moi le temps du trajet. Je sens de nouveau ses doigts glisser contre ma peau. Le geste la rassure peut être, je me contente de la laisser faire en fixant toujours l'obscurité qui nous fait face. Le silence à laissé place à la musique, le rythme régulier de ma marche la berce entre mes bras, je l'entends même bâiller. Je ne pensais pas qu'elle était crevée à ce point. Mais après une crise de panique comme elle avait fait et l'heure plutôt tardive, c'est pas spécialement surprenant.
Au moins, cette fois, elle semblait plus à l'aise qu'en arrivant.
Assez à l'aise pour passer ses bras autour de mon cou, étrangement la proximité était moins dérangeante qu'en arrivant. Peut être parce que j'avais mis un souvenir sur son visage. Que je savais qui elle était et qu'on avait partagé des moments difficile de nos vie ensemble. Ouais, ça doit rendre ça plus naturel, ou quelque chose comme ça. Je glisse un sourire sur mes lèvres en l’entendant rire et s'apaiser. Un sourire qui se crispe dans une expression bête quand elle vient déposer un baiser sur ma joue. Quelque chose de spontané et de sincère. Heureusement qu'on est dans le noir, ça m'évite qu'elle me grille en train de rougir pour rien. Parce que c'est rien. C'est sa façon de me remercier d'être sympa, mais je dois avouer que j'ai plus l'habitude de ce genre d'attention à mon égard. En fait, je suis même certain que c'est pas arrivé depuis des années.. Alors le geste me fait sourire.
Un sourire qui se terni un peu à sa question.
Je m'y attendais pas.
C'est sorti comme ça de nul part, j'aurais dû me douter qu'elle finirait par demander. Après tout ça fait parti des banalité qu'on sort quand on croise une vieille connaissance. Comment ça va depuis le temps ? Qu'est ce que tu deviens ? Qu'est ce qui s'est passé dans ta vie ? De la part de Keridwen c'est un peu différent. Elle s'imaginait mourir jeune entre quatre murs blancs, alors, tomber sur moi, un véritable revenant, ça devait forcément attiser un peu sa curiosité.. Mais ça rend pas ça plus simple pour autant. Elle se rend quand même compte que sa question peut être gênante. Elle l'est, mais pas pour les raisons qu'elle imagine. Je n'aime simplement pas parler du passer.
Je reste silencieux quelques secondes, scrutant simplement les ombres en face de moi. Qu'est ce que je peux répondre à ça ? La vérité.. Après tout pourquoi mentir ? J'en vois pas l'utilité sur le moment, même si on s'est connu plus jeunes à une époque chaotique de ma vie, elle ne s'attend sûrement à rien de ma part, rien d'autre que quelque histoire sur ce qui m'a mené à bosser dans un endroit aussi sinistre que celui ci.
« En sortant, je me suis engagé dans l'armée. »
En y repensant à l'époque, je n'avais jamais envisagé de le faire. C'est l'accident et la perte de mes yeux qui m'ont motivé à le faire. On m'a offert une chance de voir à nouveau et de me rendre utile pour ne plus que ce genre de choses arrive à d'autres. Forcément, je me suis jeté dessus sans hésiter. Je ne regrette pas ce choix. J'ai fait pas mal d'erreurs dans ma vie mais ça, s'en était pas une. La réponse est un peu brève et manque assez de sentiment ou de vie. Comme quelque chose qu'on balance par automatisme, une info comme une autre. Les yeux toujours rivés sur le bout du tunnel, j'ajoute quelques précisions, histoire de pas lui donner le sentiment d'avoir touché un point sensible en étant un peu trop curieuse même si c'est carrément le cas.
« Puis à un moment, j'ai commencé à merdé.. Alors je suis parti. »
Pour ne pas dire : On m'a viré. Mais j'ai l’orgueil de penser que c'est moi qui me suis barré avant qu'on me mette à la porte. C'est moins difficile de se persuadé que ça s'est passé comme ça. Je retiens un soupir et réajuste la jeune fille dans mes bras sans quitter du regard l'obscurité en face de nous.
« Comme mon père bossait déjà ici, je suis venu avec le rejoindre et je m'occupe de lui. »
Elle voulait savoir, au moins comme ça c'est fait, même si c'est pas spécialement glorieux, et même si je me garde bien de lui expliquer ma vie en détail parce que ce serait un peu trop long et parce qu'étaler mes échecs aux yeux des gens c'est pas tellement mon kiffe, j'espère que ça contentera un minimum sa curiosité pour le moment.
« Et toi ? De nous deux, c'est moi qui devrais être le plus étonné de te trouver ici.. »
Assez parler de moi. Parlons d'elle, et puis tant qu'elle parle d'elle ça m'évite de trop m’étaler sur ma vie et les séquelles encore un peu trop frais qu'elle m'a laissé ces dernières années.. Je suis sûr que son récit à elle, contrairement au mieux, est chargé d’espoir et de courage.
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